Dérives

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, le risque de plongée dans le chaos de la Tunisie devient réel, Mario Draghi fait baisser l'euro en s'inquiétant de risque de déflation, et le patron d'Alcatel-Lucent jette l'éponge, incapable de redresser le géant des télécommunications.
Le directeur général d'Alcatel-Lucent, Ben Verwaayen, a annoncé qu'il démissionnait. La décision sera effective à partir en mai, à l'occasion de la tenue de l'assemblée générale des actionnaires. Copyright Reuters

L'assassinat par balle mercredi de Chokri Belaïd, leader de l'opposition de gauche et laïque en Tunisie, est un signe extrêmement inquiétant quant à l'évolution politique du pays depuis la « révolution de Jasmin » en 2011 qui donna le coup d'envoi du « Printemps arabe ». L'impasse institutionnelle et la montée de l'aile la plus radicale, salafiste, de Ennhada, le premier parti du pays, qui se réclame de l'islam, font craindre une dérive vers une situation de quasi guerre civile tant le fossé se creuse entre laïcs et religieux.

Fuite des investisseurs étrangers

Et la dégradation de la situation économique ne va pas contribuer à calmer le jeu. Si la violence s'accentue, les investisseurs loacaux étrangers, en particulier français, qui étaient jusqu'alors demeurés dans le pays, pourraient être obligés de quitter le pays. Le risque d'enlisement est réel. L'Etat s'avère incapable de mettre en place un cadre pour relancer l'économie, en particulier bancaire.

Une première étape est l'arrêt de la violence

Car depuis deux ans, les autorités n'ont eu pour seule boussole que des mesures de relance de la consommation qui montrent aujourd'hui leurs limites. Le pays affiche un déficit public pour 2012 de 6,6% du PIB, mais selon l'ancien gouverneur de la Banque centrale de Tunisie, il serait en fait de 8%. L'objectif de croissance était de 4,5% mais les experts tablent au mieux sur 3%. Sans une relance de l'investissement et des exportations, l'Etat pourrait se retrouver dans une situation financière tendue qui l'obligerait à demander l'aide des institutions internationales. La première étape est l'arrêt de la violence.

Stabilité des prix

L'euro est trop cher, se plaignent certains responsables au premier rang desquels François Hollande. Cette dérive serait un handicap pour les exportations. Certes, mais pas pour les importations. C'est un débat. Mario Draghi, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE), s'en inquiète lui aussi, mais pas pour les mêmes raisons.

Ce n'est pas le taux de change qu'il surveille, mais la stabilité des prix, : pas plus de 2% l'an. En cela, il remplit scrupuleusement la mission de la BCE fixée par les traités. En effet, un euro trop élevé pourrait avoir pour conséquence une baisse des prix voire une spirale déflationniste. Dans ce cas, a-t-il dit, il agirait. Et de rappeler lors de sa conférence de presse, à l'égard de François Hollande, que la BCE est indépendante dans ses décisions, ce qui ne veut pas dire irresponsable. En disant tout cela, Draghi a fait baisser l'euro de 1% dans la journée. Tout le monde était satisfait jeudi.

Le directeur général d'Alcatel jette l'éponge

Alcatel-Lucent n'en finit pas de se restructurer pour revenir dans la course mondiale. Le géant des télécommunications a annoncé à l'occasion de la publication de ses résultats pour 2012 une perte de 1,3 milliards d'euros, principalement en raison de dépréciation d'actifs. Le groupe, qui subit la concurrence des groupes chinois ZTE et Huawei, est toujours à la peine. Son directeur général, Ben Verwaayen, jette d'ailleurs l'éponge, il quittera son poste en mai, à l'occasion de la tenue de l'assemblée générale des actionnaires.

Il ne sera pas seul puisque l'effectif général du groupe qui compte 76.000 personnes va fondre de 5.500 postes. Six ans après la fusion entre Alcatel et Lucent, la nouvelle entité cherche encore sa place dans la compétition internationale... et ne la trouve pas pour le moment.

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