Savoir faire le distingo

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, Mario Draghi fait son numéro, PSA joue à l'écureuil et Ayrault compte sur les amendes.
Marion Draghi, le gouverneur de la Banque centrale européenne (BCE). Copyright Reuters

Les milieux financiers  attendaient ce jeudi avec intérêt la réunion du conseil de la Banque centrale européenne (BCE) et surtout la conférence de presse de son gouverneur l?italien Mario Draghi.

Un véritable rituel

Pour les néophytes, l?exercice, que l?on peut visionner sur le site de la BCE, est un véritable rituel, où analystes et journalistes essayent de lire entre les lignes les propos souvent sybillins et elliptiques de l?augure qu?est le gouverneur sur la politique à venir de l?institution qui reste un facteur majeur d?influence de l?économie.

Surtout, il s?agissait de la première « sortie » de Mario Draghi depuis les élections en Italie qui ont vu émerger un fort courant hostile à la politique d?austérité voulue par Bruxelles et ont débouché sur l?impossibilité de dégager une majorité pour soutenir la constitution d?un gouvernement. Mais on en a été pour nos frais :  on avait peut-être un peu trop vite oublié cette règle qui interdit à un gouverneur de commenter la situation de son propre pays.

Si la BCE a révisé à la baisse ses projections de croissance en zone euro, de -0,3% à -0,5% pour cette année, et de + 1,2% à 1 % en 2014, elle n?en a pas pour autant abaissé son taux directeur, qui reste donc à 0,75%.

Le vrai problème, c'est demain

Quant au cas italien, Mario Draghi a constaté que les incertitudes ne se sont pas communiquées aux marchés financiers (l?écart de taux italien avec le taux allemand a certes grandi avant de se réduire). "Pour l'instant, les marchés ont été moins impressionnés que les responsables politiques et vous-mêmes", a-t-il rétorqué à une question d?un journaliste. Les naïfs pourraient être rassurés. A tort ! L'élément important de la phrase est « pour l?instant ». Car si tout va bien ce jeudi, le vrai problème, c?est demain !

Banques et Bourse réticentes

PSA ne fait pas que des voitures, c?est aussi une banque. La filiale de crédit du constructeur automobile innove d?ailleurs puisqu?elle lance un livret d?épargne qui répond au nom de Distingo, censé se distinguer visiblement de ce qui se pratique sur le marché.

 

Pour attirer le chaland, Banque PSA Finance propose un taux de rémunération de 5,5% sur? quatre mois pour revenir ensuite à 2,3%. Comme chacun sait, PSA a des difficultés, ses performances en matière d?automobiles restent médiocres. Le but n?est évidemment pas de faire concurrence aux autres produits financiers similaires déjà existants mais de trouver un nouveau moyen de se financer, tant la Bourse que les banques étant réticentes.

Augmenter la "prune"

Des sous tout le monde en cherche, et pour en trouver l?ingéniosité de l?Etat est sans limite. Comme rien n?est assez beau pour Paris, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault envisagerait d?augmenter la « prune » pour stationnement gênant de 17 euros à 30 voire 35 euros.

Cette mesure serait envisagée pour soulager les collectivités locales dont les capacités financières atteignent des limites pour soutenir le projet du « Nouveau Grand Paris ». Evidemment, cela risque de déplaire fortement aux automobilistes déjà passablement énervés par les difficultés à trouver une place pour se garer dans la capitale.

Mais ce serait une erreur puisque d?une certaine façon ils contribueraient ainsi à financer un projet censé précisément régler définitivement les problèmes de circulation à Paris !

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