Les intouchables

La chronique quotidienne de la Tribune inspirée par l'actualité. Aujourd'hui, le coût astronomique d'un incident nucléaire en France, la nécessaire réduction du train de vie de l'Etat et la cyberguerre entre Etats-Unis et Chine fait rage.
Viktor Ianoukovytch, président de l'Ukraine, pose devant le site nucléaire de Tchernobyl. Copyright Reuters

Un rapport confidentiel, révélé par le Journal du Dimanche, le dit : un accident nucléaire, du type de celui de Tchernobyl, coûterait 5.800 milliards d'euros ! Cela fait beaucoup d'argent. Dans le cas d'un accident du type Fukushima le montant s'élèverait à seulement, si l'on ose dire, 430 milliards d'euros. La différence des estimations serait due au volume des rejets radioactifs.

Il n'y a pas en France de site aussi vétuste

Ce genre de rapport, qui fera le bonheur des anti-nucléaires, pas que d'eux d'ailleurs, car qui voudrait perdre une telle somme, doit toutefois être pris avec un peu sinon de scepticisme du moins de recul. D'abord parce qu'il n'y a pas en France de site aussi vétuste que pouvait l'être Tchernobyl, et que la surveillance y est un peu plus rigoureuse (ne serait-ce que par les moyens techniques mis en ?uvre). Et l'Ukraine était moins bien organisée que la France.

Ensuite parce que les coûts secondaires sont calculées toutes choses égales par ailleurs. Or les êtres humains sont ainsi faits qu'ils peuvent réagir à certaines situations en réduisant les impacts, mais c'est cela qui est précisément difficile à prévoir. Ainsi, la tragédie de Fukushima n'empêche pas l'économie japonaise de continuer à fonctionner et de s'adapter, certes, dans des conditions difficiles.

"Vieux chiffres rudimentaires"

Enfin, le chiffre relevant davantage du sensationnel, l'auteur de l'étude lui-même, interrogé par l'AFP, l'économiste Patrick Momal, précise qu'il s'agit là de « vieux chiffres rudimentaires ». Il ne s'agit pas de dire que la radioactivité à haute dose ne tue pas mais le catastrophisme lié au nucléaire tend à aveugler sur la réalité des dangers et sur leur impact.

En revanche, le problème du nucléaire est son coût. C'est une industrie à forte intensité capitalistique, qui demande donc des financements publics, ou au moins des garanties publiques. Les exemples abondent des projets de centrales dont la facture au final est largement supérieure au montant initial prévu.

Le reste du risque sera "socialisé"

Par ailleurs, comme toute activité, le nucléaire doit être assurée. Or le secteur privé y répugne face à la difficulté à l'évaluer. Même si le chiffre est astronomique, qui va assurer des dégâts d'un montant de 5.800 milliards d'euros. Une compagnie le fera mais que sur une faible partie, le reste du risque sera "socialisé.

Dans la transition énergétique, et dans un contexte d'assainissement des comptes publics, le nucléaire pourrait davantage chuter sur son coût que sur ses dangers. Et il pourrait perdre dans un avenir pas si lointain son caractère d'intouchable.

Les effectifs ne seront pas affectés par la rigueur

Cet assainissement des comptes publics est d'autant plus d'actualités que s'est engagé le débat sur les budgets des ministères, les fameuses « lettres de cadrage ». Le ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, doit chercher à économiser 5 milliards d'euros dans le budget 2014. « Il n'y a pas de ministère intouchable », a-t-il averti.

Les échanges entre le ministre et ses collègues risquent d'être tendus puisqu'à ce jeu de somme nulle tout ministre gagnant - réduisant son effort de rigueur - devra être compensé par un ministre perdant. Mais, c'est le prix à payer du « sérieux budgétaire ».

A souligner que les effectifs ne seront pas affectés par cet effort, ni l'ensemble de la masse salariale, l'économie se fera via « d'ambitieuses réformes structurelles sur les dépenses de chaque ministère et de ses agences ». Les effectifs sont devenus intouchables.

Un nouveau champ de bataille

La Chine accuse les Etats-Unis d'être à l'origine de la moitié des cyberattaques qu'elle subit. Un rapport bien documenté publié récemment avait indiqué que sur ce plan, la Chine n'est pas en reste puisque c'est de son sol que les cyberattaques contre les Etats-Uni partent, à la la demande même de son gouvernement. Son visés des sites dits sensibles comme les services du gouvernements, les agences d'espionnages ou encore les médias. Le cyberespace est devenu un nouveau champ de bataille où plus personne n'est vraiment intouchable.
 

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