La France peut-elle rééquilibrer ses échanges avec la Chine ?

En déplacement en Chine en début de semaine, Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances, ne s'est pas contenté de vanter les mérites du site France. Il a également exprimé sa volonté de rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays qui, selon ses calculs, représente 40% du déficit extérieur tricolore actuellement. Est-ce possible ?
Pierre Moscovici, ministre de l'Economie, vante les atouts de la France dans un discours prononcé le 8 janvier à l'Université Renmin, à l'occasion de sa visite en Chine. Copyright Reuters

Arrivé lundi après-midi à Pékin pour une visite de deux jours, Pierre Moscovici s'est fixé un programme chargé. Dès sa descente d'avion, le ministre de l'Economie et des Finances a tenu à rassurer les investisseurs chinois potentiels sur l'état de santé de l'économie française et sur l'avenir de la zone euro. Mardi, reçu par le vice-Premier ministre Li Keqiang, qui deviendra le chef du gouvernement en mars, il a vanté l'attractivité de la France, précisant en marge d'une conférence sur l'Europe donnée à l'Université du Peuple de Pékin, que les investissements chinois étaient « bienvenus en France dès lors qu'ils créent des emplois ».

Mais le ministre a surtout insisté sur la nécessité de rééquilibrer les échanges commerciaux entre les deux pays. Selon ses calculs, « près de 40% de notre déficit du commerce extérieur est aujourd'hui avec la Chine ». « Ce déficit a vocation à se réduire. Il se réduira d'autant plus qu'il y aura d'une part une politique de soutien à la consommation en Chine et d'autre part une politique dynamique de la part de nos entreprises pour être présentes ici ».

Les exportations françaises progressent plus vite que les importations

Est-ce possible ? Dans un monde idéal, probablement. Entre 2010 et novembre 2012, les exportations tricolores vers la Chine ont bondi de 39% si l'on se fie aux statistiques délivrées par les Douanes. Sur la même période, les importations en provenance ont augmenté de 10,4%. Certes, l'écart entre les exportations en novembre 2012 - 15,3 milliards d'euros - et les importations - 51,4 milliards - est encore conséquent. Néanmoins, si ces taux de croissance restent stables au cours des prochaines années, les échanges commerciaux entre la France et la Chine pourraient s'équilibrer en 2021. La France pourrait même se targuer d'afficher un excédent bilatéral avec la Chine d'une quinzaine de milliards d'euros en 2022 !

Dans un monde moins virtuel, cette hypothèse est assez fragile car la structure des échanges entre la France et la Chine devrait évoluer. Du côté des importations ? Ce n'est vraiment pas certain. On imagine difficilement les entreprises chinoises s'implanter en masse en France pour fabriquer des ordinateurs, des équipements de communication (téléphones, décodeurs..), des vêtements, des produits électroniques grand public, des appareils électroménagers et des chaussures qui sont les biens les plus importés par la France. On imagine tout aussi difficilement ces secteurs de l'industrie tricolore renaître, même si sur certaines niches, des entreprises ont encore des cartes à jouer dans les segments haut de gamme.

Que vendra la France à la Chine dans les dix prochaines années ?

Ce sont plutôt les exportations françaises qui devraient évoluer. La France continuera-t-elle à vendre de avions et des satellites, des préparations pharmaceutiques, des voitures et des produits pétroliers raffinés qui représentent un quart des exportations made in France vers la Chine. Au regard des transferts technologiques en cours, rien n'est moins sûr, sauf si les entreprises françaises conservent une longueur d'avance technologique dans ces secteurs.

En effet, Commercial Aircraft Corporation of China (COMAC) rêve de concurrencer Airbus. Dans l'automobile, une dizaine de constructeurs chinois (Brillance, Chery, Great Wall, Landwind..) se lancent à l'assaut du monde et n'ont pas l'intention de laisser les Européens et les Américains se partager le marché chinois. Dans le secteur de l'espace, la Chine a également de grandes ambitions. Une vingtaine de satellites chinois devrait être lancée en 2013. Quant à la fusée Longue marche, il devrait afficher pas loin de 200 lancements au compteur d'ici la fin de l'année.

Certes, la renommée du secteur du luxe (parfum, maroquinerie..), devrait rester intacte. Mais son poids est trop faible - moins de 400 millions d'euros en novembre 2012 sur les onze premiers mois de l'année - pour compenser d'éventuelles pertes de part de marchés dans l'industrie. Reste une inconnue qui pourrait bouleverser tous les pronostics : les probables évolutions des taux de change. Si le yuan s'apprécie enfin, la France et ses voisins devraient implacablement voir leur compétitivité prix renforcée.

Les touristes chinois à la rescousse !

Et si la France ne parvient pas à équilibrer ses relations commerciales avec la Chine, elle pourra toujours compter sur la richesse de son patrimoine culturel pour redresser la balance des paiements. Actuellement, environ 900.000 touristes visitent la France chaque année, le plus souvent au pas de course en moins de 48 heures chrono ! Sachant qu'un touriste chinois dépense en moyenne 1.460 euros selon une étude de Global Blue France, un spécialiste de la mesure du shopping international, et que leur nombre pourrait dépasser les 4 à 5 millions d'ici 2015 selon une étude de Roland Berger pour Atout France, la balance des services, une des composantes de la balance des transactions courantes, devrait rester excédentaire au cours des prochaines années. C'est déjà ça.

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