Le coup d'envoi est enfin donné aux industriels français de l'éolien en mer

Par Marie-Caroline Lopez  |   |  593  mots
Copyright Reuters
Les modalités de l'appel d'offres pour un marché de 10 milliards d'euros, 3.000 MW et cinq zones offshore sont précisées ce lundi. Les opérateurs espèrent des tarifs de rachat plus élevés qu'annoncé initialement.

Cette fois-ci, c'est fait. L'appel d'offres éolien offshore attendu depuis huit mois est enfin lancé. Ses modalités, soumises à la consultation des industriels depuis février dernier, doivent être précisées ce lundi. Plusieurs consortiums se sont constitués en préparation de ce marché de 3.000 MW et 10 milliards d'euros. Cinq « zones propices » ont été définies en amont : Dieppe-Le-Tréport (Seine-Maritime), Courseulles-sur-Mer (Calvados) et Fécamp (Seine-Maritime), Saint-Brieuc (Côtes d'Armor) et Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Une seconde phase de même volume devrait être lancée dès avril 2012.

Début 2011, Alstom (qui développe une éolienne de 6 MW) et EDF-EN ont fait alliance, avant de se rapprocher de plusieurs développeurs, et d'intégrer la semaine dernière l'énergéticien danois Dong Energy, qui a déjà installé le quart des capacités éoliennes offshore en Europe. De leur côté, Areva (qui a des éoliennes en mer au large de l'Allemagne), GDF Suez et Vinci ont conclu un accord pour trois des zones concernées. Areva est aussi partenaire de l'espagnol Iberdrola pour les deux autres zones.

Des étrangers à l'affût

Des acteurs étrangers pourraient répondre à l'appel d'offres. Le géant allemand E.ON rechercherait un partenaire et le portugais EDP révèle « être intéressé par plusieurs sites, mais pas à n'importe quel prix ». Le tarif de rachat est l'un des points sur lesquels les industriels attendent des évolutions. La fourchette initialement annoncée, de 150 à 180 euros par mégawattheure (MWh) semblait trop basse à de nombreux industriels. « Le coût d'un projet éolien offshore est assez imprévisible car soumis à de nombreux aléas, notamment techniques, géographiques et climatiques, qui peuvent générer d'importants surcoûts », remarque François April, associé du cabinet d'avocats Linklaters.

Cet appel d'offres n'est-il pas trop tardif ? « Le gouvernement a dû attendre que les industriels français soient prêts », affirme un spécialiste. « Les consortiums français vont devoir relever le défi de la compétitivité, reconnaît Alexis Chauffert-Yvart, associé chez PwC ; des acteurs étrangers peuvent postuler, sans nécessairement s'associer à des français.» Rien n'empêche en effet un Siemens ou Vestas d'implanter une usine en France. Si ce n'est que, de l'avis d'un industriel français majeur, la superficie des zones de la première tranche ne permettra pas d'atteindre les 3.000 MW annoncés, un marché un peu restreint pour attirer des acteurs étrangers, actifs sur des projets de taille unitaire supérieure. D'autres estiment au contraire que la taille des projets, de 500 à 700 MW, représente un défi de gestion opérationnelle pour des acteurs débutants dans l'offshore. D'où l'intérêt de partenariats avec des opérateurs étrangers expérimentés.

Quant à espérer prendre une part du marché européen... ce n'est pas demain que les Français auront fait leurs preuves. Après les résultats de l'appel d'offres en avril 2012, il faudra encore compter dix-huit à vingt-quatre mois de période « de levée des risques » pour valider la viabilité de chaque projet au prix proposé, puis trois à quatre ans de construction... « Il vaut mieux lancer cette filière maintenant que jamais, affirme cependant François April, car sans projets en France, les industriels français ont moins de facilité à concourir sur le marché européen. Le gouvernement français a donné des gages d'une véritable volonté d'aboutir », assure-t-il en citant la neutralisation du coût de raccordement, la désignation des zones propices en amont de l'appel d'offres et la simplification du cadre réglementaire limitant le risque de recours.