Ces start-up qui trouvent des solutions pour dépolluer votre maison

Notre espace intérieur est plus pollué que l'environnement extérieur. Pour réduire les substances nocives, des start-up multiplient les solutions, depuis les appareils autonomes jusqu'aux peintures dépolluantes, en passant par les cartouches et filtres dédiés.
En se chargeant en polluants, ces granulés changent de couleur. / DR

Le récent épisode de pollution atmosphérique que la France a connu est maintenant passé. En attendant de revenir, tôt ou tard. Il est pourtant une pollution de l'air qui nous affecte tous, car elle est permanente : l'intérieur de notre habitat et de nos bureaux est considérablement plus pollué que l'air extérieur ! Selon l'Organisation mondiale de la santé, 2 millions de personnes en meurent prématurément chaque année dans le monde.

Les Français n'échappent pas à cette pollution diffuse composée d'une multitude de substances nocives. À commencer par les composés organiques volatils (COV) émis par les parquets, la surface des meubles, les produits ménagers, etc. Pour réduire ces risques, il est d'ailleurs recommandé de ventiler et d'aérer au moins dix minutes par jour tant les locaux professionnels que ceux d'habitation.

Mais cela ne suffit pas toujours. D'où l'intérêt des solutions individuelles ou collectives pour traiter l'air ambiant. Un marché sur lequel se positionnent des start-up particulièrement innovantes.

À commencer par Air Serenity, qui développe des cartouches filtres de traitement d'air conçues pour éliminer en un seul passage les composés chimiques, particules et micro-organismes.

« Cette solution est issue d'un procédé breveté et développé en partenariat avec l'École polytechnique », indique Joseph Youssef, le dirigeant de la start-up qui bénéficie de l'utilisation exclusive du brevet.

Créée en 2012, l'entreprise commercialise son propre système de purification d'air autonome au prix de 1.000 euros. Parallèlement, elle délivre des cartouches sur mesure aux constructeurs de centrales de traitement d'air (CTA) et d'appareils autonomes de purification d'air.

« Ce second marché est encore peu mature en France par rapport à d'autres pays », soulève le PDG, qui ambitionne de devenir le « Britta de l'air », avec des cartouches à 80% réutilisables mais à remplacer tous les six mois.

À terme, ces consommables seront vendus 60 euros, contre 100 à 150 euros aujourd'hui. Ces cartouches intègrent en effet des capteurs embarqués qui envoient leurs données sur une application smartphone. De quoi suivre en temps réel et à distance la qualité de l'air ambiant de l'habitat et des lieux de travail.


dépolluant
Les tissus lumineux seront bientôt intégrés aux systèmes de ventilation pour une dépollution par photocatalyse.

Bulle d'air assaini et robot en location en mois

De son côté, Beewair, une entreprise de dix personnes dont quatre ingénieurs, se positionne sur les marchés de l'industrie et du tertiaire avec une gamme d'équipements brevetés dont la puissance varie de 60 m3/h à 25.000 m3/h.

« Notre système décompose les polluants de manière à les transformer en molécules naturellement présentes dans l'air », fait valoir Didier Parzy, le président de Beewair.

Créée il y a trois ans en Saône-et-Loire, l'entreprise a financé ses développements grâce à des prêts d'Oseo (Bpifrance) et une levée de fonds de 500.000 euros auprès d'industriels, de particuliers et de la BPI de Bourgogne. Depuis le lancement de son offre, il y a un an et demi, Beewair a vendu 800 appareils de 2.000 à 150.000 euros et espère atteindre 2.000 unités vendues en 2015.

« Cette année, nous démarrons l'export avec des distributeurs partenaires et nous menons une étude sur le marché des particuliers pour connaître le seuil d'acceptation et les circuits de distribution. »

Partnering Robotics n'en est pas encore là. L'entreprise vient tout juste de présenter sur le salon Innorobo à Lyon un robot mobile intégrant des capteurs ainsi qu'une solution de traitement d'air codéveloppée avec le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) pour lutter contre la pollution particulaire, chimique et biologique. Le robot a une capacité de traitement de 70 m3/h et bénéficie d'une autonomie de dix heures Mais plutôt que de traiter une pièce dans sa globalité, il a pour vocation de créer une bulle d'air assaini autour des personnes.

« Diya One embarque un cerveau artificiel. Ce qui lui permet d'avoir des fonctions de navigation autonome, d'apprentissage et d'interaction avec les gens et leur environnement », décrypte Ramesh Caussy, diplômé de l'École polytechnique et PDG de Partnering Robotics (lire La Tribune Hebdo du 14 mars 2014).

Créée en 2007, l'entreprise regroupe dix personnes dont sept sont mobilisées sur Diya One.

« Grâce à notre approche "neuro-inspirée" - qui simule le fonctionnement des neurones -, le prix du robot ne dépassera pas 5.000 euros. Les particuliers pourront même l'avoir en location pour quelques euros par mois »,

précise le chef d'entreprise. Pour financer ses développements, la start-up a développé une solution, totalement différente, qui permet de réduire les coûts d'impression numérique des entreprises. Elle est à la recherche d'un partenaire stratégique afin de lancer le robot en 2015.

Les acteurs de la surveillance de l'air sont aussi dans la course à la dépollution. Après avoir lancé ses kits de diagnostic codéveloppés avec un laboratoire mixte du CEA et du CNRS, l'entreprise Ethera (17 salariés) s'attaque désormais à la dépollution de l'air. Son offre consiste en un matériau nanoporeux ayant la propriété de cibler et d'absorber les molécules avec un effet éponge.

« Les pores du matériau réagissent avec les polluants chimiques et les piègent de manière qu'ils ne soient pas relargués dans l'atmosphère », précise Sylvain Colomb, le directeur marketing d'Ethera.

L'entreprise a levé au total 4,2 millions d'euros pour mener sa R&D. Son matériau dépolluant sera commercialisé sous la forme de granulés auprès d'intégrateurs qui les injecteront dans des filtres de traitement d'air destinés aux systèmes de ventilation et aux épurateurs d'air. Les granulés seront produits dans une unité de production d'une capacité de plusieurs tonnes située près de Grenoble et qui devrait ouvrir au cours du premier semestre. Ethera prévoit d'embaucher une vingtaine de personnes dans les deux ans et d'arriver à l'équilibre en 2015.

Quand les peintures captent les polluants

Les spécialistes du traitement de l'air sont aussi sur les rangs pour préparer leurs futures solutions. À l'instar du projet COV-KO conduit par BMES, un constructeur d'appareils autonomes de dépollution financé par le Fonds unique interministériel (FUI). La PME est entourée de laboratoires et d'entreprises de renom. Dont Atlantic, un fabricant de systèmes thermiques et de ventilation, et Brochier Technologies, un fabricant de textiles lumineux à base de fibres optiques.

Ce projet sera l'occasion de tirer parti du programme ANR Photex aujourd'hui achevé et qui portait sur la destruction des polluants par photocatalyse. En réunissant sur un même support les trois éléments nécessaires à la photocatalyse (lumière UV, photocatalyseur et polluants organiques), Brochier Technologies a démontré qu'il pouvait améliorer les performances du traitement. Dans le cadre du projet COV-KO, il développera un filtre photocatalytique en textile.

« Notre produit sera intégré dans les appareils de traitement d'air à plusieurs étages de dépollution de BMES et dans les systèmes de ventilation filtration d'Atlantic », prévoit Laure Peruchon, chef de projet chez Brochier Technologies.

L'entreprise espère produire sur son site lyonnais ses premiers filtres photocatalytiques en 2017, deux ans après la fin du projet FUI. Les systèmes seront testés par le laboratoire Tera Environnement, spécialisé dans l'analyse des polluants gazeux.

Ce dernier a d'ailleurs été sollicité par Onip, un fabricant de peinture indépendant qui compte 35 personnes dont 13 dédiées à la R&D.

« Dans le sillage du Grenelle de l'environnement, nous avons décidé d'apporter à nos peintures une fonction de dépollution de l'air intérieur », rapporte Michel Plana, le directeur commercial et marketing d'Onip.

L'industriel a déniché sur le marché une résine active qui capte et détruit les molécules de formaldéhyde, un polluant qui constitue à lui seul 80 % des COV présents dans l'air intérieur, car il est présent dans la fumée de tabac, les bougies, les bâtonnets d'encens mais aussi certaines colles, détergents, lingettes, vernis à ongles, etc.

« Nous avons lancé notre peinture en avril 2013, les ventes enregistrent une croissance de plus de 70 % », sourit Michel Plana.

Sa peinture se révèle efficace au bout de six heures et réduit de 40 % à 60 % les molécules au bout de vingt-quatre heures.

« Nous ne supprimerons jamais tout le formaldéhyde présent, mais nous en stabiliserons le taux », tempère Michel Plana, qui distribue son produit via des grossistes.

« Par rapport aux autres peintures, le surcoût n'est que de 3 % à 5 %, mais notre peinture restera efficace durant sept à vingt ans », assure le directeur commercial.

Les fabricants de matériaux de construction apportent aussi leur pierre à l'ouvrage. Depuis 2009, Placo, la filiale de Saint-Gobain, intègre dans certains de ses plâtres, plaques et plafonds sa technologie Activ'air. Il s'agit d'un composant actif résultant de deux années de recherche. Sa particularité est de capter et d'éliminer le formaldéhyde, à raison de 20 à 22 µg/m2/h.

« Son efficacité a été validée en conditions réelles et testée par le laboratoire indépendant Eurofins », affirme Thierry Fournier, directeur général de Placo.

L'entreprise planche désormais sur d'autres pistes. Parmi lesquelles une plaque de plâtre ciblant d'autres COV, comme l'ammoniac, la sulfure d'hydrogène ou encore le benzène.

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>>> FOCUS Papiers peints et peintures font barrage aux ondes WIFI

De plus en plus de personnes sont électrosensibles, autrement dit sensibles aux ondes électromagnétiques issues des antennes GSM, téléphones mobiles ou sans fil, bornes WiFi, etc. Un phénomène sur lequel s'est penché le Centre technique du papier avec l'appui de laboratoires de recherche ainsi que de l'industriel Ahlstrom.

Ce dernier pourrait lancer le premier papier peint anti-ondes WiFi et GSM, dont les motifs (brevetés) sont imprimés avec une encre conductrice de manière à filtrer les ondes en question. Un marché sur lequel opère le fabricant de peinture Duralex Peintures.

Ses peintures DX Electro protègent contre les ondes basses fréquences et hyperfréquences. Elles ont été conçues par cette entreprise qui regroupe à Bobigny (Seine-Saint-Denis) une trentaine de salariés.

« Je me suis rapproché de HomeTesting, une équipe de spécialistes des ondes, pour comprendre le phénomène et développer ma gamme de peintures, se souvient Xavier Sebaux, le directeur de l'entreprise, créée en 1976. Nous avons lancé cette gamme auprès des distributeurs professionnels. En revanche, les développements sont assez lents. Cela démarre maintenant car le vrai prescripteur, c'est le particulier électrosensible. »

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Commentaires 5
à écrit le 02/04/2014 à 17:06
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Et voila une fois de plus pour faire eolo et sain depenson plus et consommons plus c'est plus que debile mais sa marche! Pas besoin d'avoir fait Polytech pour savoir que c'est a l'etat d'imposer des materiaux non polluants, pas de polluant et pas bes...

à écrit le 02/04/2014 à 12:03
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Tout cela est parfait il ne reste plus qu'à créer les conditions permettant d’exporter ces produits vers la Chine, l'Inde et les USA qui ont de sérieux efforts à faire sur la qualité de leur air, notamment dans les tours de bureaux. Il faudrait ég...

le 02/04/2014 à 17:09
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Voyez mon commentaire si dessus !! Et arretez de depenser sans fin la planete est limitée mais le bon sens lui n'a pas de limites!!

le 05/04/2014 à 10:26
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Et tu m'expliques comment tu veux éviter la pollution issue de la cuisson de ton steak en "consommant moins" ?

le 07/04/2014 à 9:13
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bien vu Nawak

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