Demander un vélo de fonction à votre patron, c’est tendance !

Par Catherine Quignon  |   |  770  mots
La station de vélos à assistance électrique (VAE) mis à la disposition des salariés tourangeaux de STMicroelectronics.
Pour inciter leurs salariés à laisser leur voiture au garage, des entreprises leur proposent de disposer gratuitement d’une bicyclette. Google, Bouygues Construction ou encore la SNCF ont déjà franchi le pas.

Sébastien Hok est un cycliste chevronné. Cela fait des années que ce trentenaire francilien, ingénieur-chercheur à l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), arpente les routes sur sa petite reine.

Lorsqu'en mai 2013 son employeur lui propose de disposer d'un vélo à assistance électrique, c'est donc tout naturellement qu'il saute sur l'occasion.

« J'avais déjà un vélo que j'utilisais pour les petits trajets entre mon domicile et mon travail, situés tous deux en région parisienne, explique-t-il. Mais lorsque je dois me rendre sur le site de l'IRSN basé à Paris, j'utilise le vélo à assistance électrique. Cela me permet de ne pas arriver en sueur »

Alors que le gouvernement envisage d'étendre le remboursement des frais kilométriques aux salariés se déplaçant à vélo pour encourager la pratique du deux-roues, quelques entreprises pionnières ont déjà fait un pas supplémentaire en proposant à leurs collaborateurs un vélo plutôt qu'une voiture de fonction.

Aux États-Unis, Facebook, LinkedIn ou encore Google ont depuis longtemps mis en place cette solution. Sur son site de la Silicon Valley, la firme de Mountain View met à disposition de ses salariés une flotte interne de près de 1.300 vélos, mais aussi douches, serviettes et casiers dédiés.

Démarrage en pente douce dans l'hexagone

En France, quelques entreprises se lancent timidement sur ce chemin. Certaines, comme Orange, proposent aux salariés de prendre en charge une partie du prix d'achat du deux-roues. D'autres, à l'instar de l'IRSN, vont plus loin en mettant en place sur leurs sites des parcs de vélos.

« Il y avait une vraie demande en interne », indique Jean-Pierre Forato, adjoint au directeur du patrimoine.

L'institut a mis en place une station de huit vélos à assistance électrique (VAE) sur son site de Fontenayaux-Roses, il y a un an. Coût de l'équipement : 24.000 euros, auquel il faut ajouter un contrat de maintenance de 4.000 euros par an. Sur le millier de salariés que compte le site, 180 personnes se sont inscrites à ce service gratuit.

« On pensait que les vélos seraient d'abord utilisés pour les déplacements professionnels, mais en fait 90% des collaborateurs s'en servent pour leurs trajets domicile-travail », observe Jean-Pierre Forato.

Les salariés ont aussi la possibilité de prendre le vélo chez eux pour le week-end.

Des livreurs à vélo, un argument de vente

C'est la société Green On qui s'est vu confier l'installation et la maintenance des équipements. Faisant partie des rares prestataires présents sur le marché du vélo d'entreprise, la PME compte une quinzaine de clients, parmi lesquels Bouygues Construction, la SNCF ou encore STMicroelectronics.

« Pour la SNCF, nous avons mis en place à Paris six stations de VAE en libre-service, à disposition de ses salariés sur des gares parisiennes, indique Yann Devaux, son directeur commercial. Pour se rendre aux réunions, les salariés vont plus vite à vélo qu'en métro !»

Sur les sites industriels, les vélos cargos peuvent se substituer partiellement aux utilitaires :

« Des agents techniques du SIAAP, le service public de l'assainissement francilien, utilisent des triporteurs qui permettent de transporter jusqu'à 100 kg de charges », indique Yann Devaux.

Le directeur commercial de Green On fait valoir les avantages du deux-roues :

« À deux euros le litre d'essence, l'entreprise voit vite la différence, argue-t-il. Elle fait des économies au niveau de l'assurance, des taxis et du parking. Le vélo contribue aussi à mettre en place un environnement de travail plus agréable. »

Excédés par les difficultés de circulation en centre-ville, artisans et libéraux sont aussi nombreux à se convertir à la petite reine. Plus, ils en font un argument de vente.

La société Drop It offre les services de coursiers à vélo, promettant de traverser Paris en une demi-heure. À Nantes, l'entreprise Ze Plombier propose à ses clients de venir les dépanner en triporteur, plus rapide et économique qu'une camionnette.

« On était sur une niche, mais depuis six!mois on assiste à un décollage sur le marché des particuliers, et on l'anticipe au niveau des professionnels », analyse Yann Devaux.

Une conséquence des polémiques autour de la récente - et récurrente - pollution aux microparticules ? Cependant, la plupart des flottes de vélos d'entreprises sont encore modestes!: moins de dix VAE en général. Selon une étude du Club des villes et territoires cyclables, seuls 5% des salariés pédalent pour aller au travail. Avec son futur plan vélo, annoncé en mars dernier, le gouvernement espère doubler ce taux. Reste à voir si les salariés accepteront de laisser leur voiture au garage...