Gamesa reprend des couleurs hors d'Espagne

Le premier fabricant espagnol d'éoliennes compte sur la recherche et développement pour abaisser de 30 % le coût du kilowattheure.

Il n'y a pas qu'en France que les énergies renouvelables traversent une phase difficile. Dans l'Hexagone, où les tarifs de rachat de l'électricité photovoltaïque ont connu plusieurs baisses cette année, l'appel d'offres pour une centrale par région pour un total de 300 MW serait abandonné. En Espagne, dont le gouvernement souhaite diminuer ses subventions annuelles aux énergies renouvelables (6,2 milliards d'euros en 2009), un décret-loi présenté vendredi en conseil des ministres prévoit des baisses de tarifs de rachat qui atteignent 45 % pour les centrales au sol, soit 17,6 centimes le kilowattheure, contre 32 centimes jusqu'à présent. En France, il varie selon les régions entre 27,6 et 33,12 centimes par kilowattheure (35,2 centimes dans les DOM).

Le secteur éolien espagnol, lui, attend toujours le décret qui inscrira dans le cadre légal l'accord passé avec le gouvernement en juillet dernier, qui doit faire baisser les tarifs de 35 % d'ici à 2013. Ces incertitudes ont provoqué des baisses du cours de Bourse de la plupart des groupes cotés du secteur.

Gamesa, premier fabricant d'aérogénérateurs en Espagne, est l'un des plus durement touchés. Ses titres ont perdu plus de 50 % de leur valeur depuis janvier. « La forte exposition de Gamesa au marché espagnol et les inquiétudes par rapport au cadre légal ont pénalisé l'entreprise », explique Ivan San Felix, chez Renta 4. Résultat, une baisse du bénéfice de 69 %, à 25 millions d'euros, sur les neuf premiers mois, en raison notamment de l'atonie du marché espagnol.

Tout n'est toutefois pas noir dans le tableau. Ainsi, au troisième trimestre, les commandes ont quintuplé par rapport à 2009. Outre la reprise du marché international, Gamesa attribue cette embellie à sa nouvelle politique de commercialisation, fondée sur une diversification de ses clients et de ses marchés. Ainsi, sur les neuf premiers mois, 29 % des ventes ont été réalisées en Chine, contre 14 % l'année dernière. Les États-Unis et l'Inde voient aussi leurs parts augmenter, tandis que l'exposition à l'Espagne est passée de 29 % à 7 % en un an, notamment à cause de la faiblesse de la demande.

En outre, la logique d'internationalisation et la baisse des coûts nécessaire pour affronter la crise ont conduit Gamesa à réduire ses effectifs industriels de 16 % dans le pays en 2009. Le groupe veut diviser par deux sa capacité de fabrication en Espagne entre 2009 et 2013, et multiplier d'autant celles aux États-Unis et en Chine. En Inde, de zéro en 2009, elle passera à plus de 800 MW en 2013, selon le groupe.

Investir dans l'offshore

Pour consolider sa reprise, Gamesa prévoit de consacrer 750 millions d'euros à l'investissement et de créer cinq centres de recherche à l'étranger. De quoi atteindre l'un de ses principaux objectifs : réduire de 30 % en cinq ans le coût du kWh. « Pour être plus compétitive, Gamesa va aussi créer des aérogénérateurs plus puissants », estime Ivan San Felix.

Enfin, 165 millions d'euros seront dédiés aux technologies offshore, développées surtout au Royaume-Uni. Mais ce marché n'est pas pour l'entreprise : « Le marché de l'éolien terrestre est largement suffisant actuellement », explique une porte-parole du groupe. Gamesa promet toutefois pour 2012 un premier prototype de 5 MW destiné à l'offshore.

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