Le Sénat met un nouveau frein à l'implantation des éoliennes

Par Rémy Janin  |   |  442  mots
Dans le cadre de l'examen de la loi Grenelle 2, les sénateurs viennent d'adopter une mesure qui rend encore plus sévère les conditions d'installation d'éoliennes dans une commune.

Voilà une nouvelle qui ravira tous ceux à qui la vue d'une éolienne donne des boutons. Dans le cadre de l'examen de la loi Grenelle 2, les sénateurs viennent d'adopter une mesure qui rend encore plus sévère les conditions d'installation d'éoliennes dans une commune. En effet, sauf vote contraire de l'Assemblée nationale les aérogénérateurs seront désormais soumis à la procédure ICPE, sigle barbare pour « installations classées pour la protection de l'environnement ».

En clair, les éoliennes rejoignent la cohorte des installations jugées dangereuses pour l'environnement au même titre que l'est une quelconque usine dont l'activité présente des risques de pollution ou de dégâts pour l'environnement. Un paradoxe qui heurte bien évidemment la sensibilité de ceux qui défendent ces moulins à électricité mais qui est largement approuvé par ceux, aujourd'hui encore minoritaires, qui combattent leur implantation estimant, comme le fait Jean-Louis Butré, président de la fédération environnement durable, que « les éoliennes massacrent les paysages Français ».

Les partisans des aérogénérateurs sont amers. La fédération d'associations environnementalistes France nature environnement (FNE) tout en rappelant son credo d'un « développement règlementé de l'éolien, afin de ne pas affecter outre mesure les paysages et la biodiversité » estime que cette nouvelle réglementation « handicapera le développement » des éoliennes. FNE pointe également le risque d'une incompatibilité de la législation française avec la jurisprudence européenne. « En complexifiant de la sorte le régime des éoliennes, la France prend le risque de se voir condamnée par la justice communautaire au titre de la violation de la directive ENR 2009/28 ».

Cette directive accélère le rythme de développement des énergies renouvelables en Europe afin d'aboutir à une proportion de 20% de celles-ci dans la production globale d'électricité de l'Union Européenne d'ici à 2020. Le texte prend en compte les situations de départ et le potentiel de chaque pays pour la traduction de l'objectif commun en objectifs nationaux. La France, par exemple, devra produire 23 % de sa consommation d'énergie à partir d'énergies renouvelables en 2020. Un objectif est supérieur à celui de l'Allemagne (18 %), de l'Espagne (20 %), de l'Italie (17 %) et de l'Angleterre (15 %) mais inférieur à celui de la Suède (49 %), de l'Autriche (34 %), du Danemark (30 %) ou encore de l'Estonie (25 %).

Dans ces conditions « il convient de tirer une première conséquence de ce changement de régime », ajoute assez saumâtre FNE : « soumettre les lignes à très haute tension au même régime juridique ». Car en effet, question esthétique, reste à savoir si une éolienne est plus ou moins dégradante pour le paysage qu'un pylône d'EDF ?