Photosynthèse ou fermentation, la bataille des micro-algues fait rage

Fermentalg boucle un nouveau tour de table pour cultiver des algues des profondeurs.
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« La guerre est finie. » Le président du directoire du fonds Emertec, Bernard Maître, est formel. Seules les algues « hétérotrophes », venues des grandes profondeurs, peuvent laisser présager une production de biocarburants à grande échelle. C'est pour cette raison qu'Emertec finance depuis sa création la start-up française Fermentalg, leader français des micro-algues, qui a annoncé lundi un deuxième tour de table de plus de 5 millions d'euros.

Capables de se développer quasiment sans lumière, ces espèces présentent en effet des rendements de 50 à 100 fois supérieurs aux cultures traditionnelles dites « autotrophes », sur lesquelles travaille la grande majorité des start-up qui étudient les micro-algues. Ces espèces moins bien connues se développent selon un processus qui tient plutôt de la fermentation. « On passe d'une agriculture à deux dimensions à une agriculture à trois dimensions, dans des cuves immenses. » Bernard Maître est enthousiaste car on résout ainsi le problème du rendement et donc, de l'espace nécessaire à une production de masse, principal écueil des micro-algues à ce jour.

Fermentalg serait aujourd'hui le seul européen à posséder les souches et à maîtriser la culture par fermentation. Le précurseur américain Solazyme, lui, en est à son quatrième tour de table et vient de créer une coentreprise avec le leader mondial de l'amidon, le français Roquette. Il a également noué des partenariats dans l'agroalimentaire, notamment avec Unilever. Photosynthèse ou fermentation, les marchés de la nutrition, avec les Oméga 3, sont en effet les plus rapides à pénétrer. Viennent ensuite la cosmétique et la pharmacologie.

Mais pour Bernard Maître, qui évoque également pour Fermentalg de prochains accords industriels dans le secteur de la chimie verte, les algues hétérotrophes « permettent pour la première fois d'envisager une agriculture de la mer capable de produire des quantités massives de biocarburants ». Nul doute que les grands pétroliers, qui maîtrisent les infrastructures maritimes et les grandes profondeurs, inventeront les méthodes de culture appropriées. À ce jour, pourtant, s'ils multiplient les investissements dans les biocarburants de troisième génération, en matière de micro-algues, ils ont surtout misé sur la photosynthèse. À de rares exceptions comme Chevron qui a massivement investi dans... Solazyme.

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