Les bureaux ne sont pas aussi verts qu'ils le prétendent

Une étude sur les bureaux labellisés "basse consommation" du Centre scientifique et technique du bâtiment met en lumière les écarts entre affichage et réalité de la consommation énergétique.
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Un léger parfum de « greenwashing » ? Les bâtiments de bureaux labellisés basse consommation (BBC) voire haute qualité énergétique (HQE), ne sont pas aussi verts qu'ils le prétendent. C'est ce que constate, dans une étude commanditée par le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) et publiée mardi, Jean Carassus, professeur à l'École des ponts de Paris.

Depuis le Grenelle de l'environnement, on voit en effet se multiplier les annonces de construction de bâtiments tous plus verts les uns que les autres. Or, de la théorie d'une certification basse consommation à sa réalité, il peut y avoir un gouffre. C'est le cas, entre autres, d'un immeuble de bureaux étudié par Jean Carassus à Aubervilliers dans la banlieue parisienne. Alors que cet immeuble était censé ne consommer que 120 kWh par mètre carré et par an (kwh/m2/an) voilà qu'après audit, la facture s'élève à 170 kWh/m2/an ! Autre exemple de ce grand écart entre affichage et réalité énergétique. Un immeuble tertiaire dans le 19e arrondissement de Paris promettait de ne pas consommer plus de 92 kWh/m2/an. Une telle performance est rare pour des ensembles de bureaux. En fait, « sa consommation réelle en 2008 a été de 155 kWh/m2/an », indique l'étude.

Poudre aux yeux ?

Tous ces constats signifient-ils que les labels et autres certificats de qualité énergétique ne sont que poudre aux yeux ? La réalité est plus complexe. En cherchant à savoir pourquoi de telles différences de consommation pouvaient exister, le professeur Carassus a constaté que, le bâtiment d'Aubervilliers, pour ne citer que lui, « n'avait apparemment pas tenu ses promesses mais qu'en fait il les avait tenues ». Le calcul de la consommation énergétique d'un bâtiment est en effet basé sur une forme d'exploitation dite « usuelle ». Autrement dit, sa consommation dépend notamment du nombre d'heures de présence des occupants, de la façon dont ils se chauffent l'hiver ou se climatisent l'été, et de l'utilisation des appareils consommateurs d'énergie présents dans ce bâtiment... À Aubervilliers, « la cause essentielle de l'écart vient du fait qu'un des locataires, au lieu d'occuper l'immeuble de façon ordinaire, l'habite 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Si l'usage avait été conforme à une occupation usuelle (5 jours/semaine et 10h/jour), la consommation (...) aurait été conforme aux prévisions », note Jean Carassus. Dans ces conditions, difficile de généraliser la critique et soupçonner de « greenwashing » toute promotion immobilière se réclamant basse consommation. En revanche, tout acheteur ou locataire de bâtiment labellisé vert devra s'informer, avant de signer, sur ce que signifie « usage usuel » du bâtiment.

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Commentaire 1
à écrit le 12/04/2011 à 14:27
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Bonjour Les professionnels du bâtiment savent bien que les calculs réglementaires donnent une image très théorique de la future consommation d'un bâtiment. Un exemple : la température réelle de chauffage est calculée sur 19°C, puisque c'est la loi. M...

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