"Emettre du CO2 doit devenir interdit ou vraiment coûteux"

Pour le président d'Alstom Power, le captage de CO2 est incontournable. Les politiques doivent imposer des réglementations incitant les entreprises à investir.
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D'ici à dix ans, 45 % de la production d'énergie se fera sans émission de CO2. C'est la conviction de Philippe Joubert, président d'Alstom Power, qui avait invité quelques journalistes à l'occasion de la réunion Clean Power Today que le groupe organise chaque mois pour ses clients dans un pays différent, cette fois-ci au Brésil. « De facto, 55 % de la production d'énergie produira du CO2 », souligne-t-il. À commencer par le charbon, qui continuera de peser très lourd dans le mix énergétique mondial. Notamment en Chine et en Inde où 60 à 100 gigawatts de centrales à charbon sont installés chaque année, mais aussi en Afrique du Sud, où Alstom vient de remporter un contrat pour une centrale de 1.000 MW.

« Nous n'avons encore rien vu en termes d'émissions de CO2. La croissance est inéluctable et nous ne l'avons pas mesurée », estime Philippe Joubert. Le gaz, appelé à se développer fortement, ne résoudra pas le problème. Ses émissions atteignent la moitié de celles du charbon à production énergétique égale. Insuffisant au regard de la réduction nécessaire pour contenir l'élévation de la température moyenne à la surface de la terre à + 2 °C d'ici à 2050. « Sans la capture et le stockage de CO2 (CSC), nous ne nous en sortirons pas, assure Philippe Joubert. Et plus nous attendrons, plus ce sera compliqué. »

Volontarisme

Le patron d'Alstom Power, qu'il présente comme « le leader mondial du CSC », piaffe d'impatience. Pourquoi les entreprises investiraient-elles dans des techniques onéreuses les contraignant à facturer l'énergie plus cher au consommateur, alors que les émissions de CO2 ne sont ni interdites, ni assez coûteuses ? Si le CSC est aujourd'hui onéreux (il nécessite pour rentabiliser un équipement une tonne de CO2 à 55 euros en 2015 alors qu'elle plafonne à 17 euros), il pourrait baisser rapidement en cas de déploiement massif en sortie de centrales au charbon et au gaz et de progrès technologiques limitant la baisse de rendement des centrales équipées.

Pour Philippe Joubert, le marché seul ne suffira pas à rendre suffisamment coûteuse l'émission de CO2 pour inciter les entreprises à investir. C'est aux politiques de faire montre de plus de volontarisme. Grâce à son offre complète, adaptée aussi bien aux centrales nucléaires, au gaz, au charbon, et aux installations hydrauliques, Alstom Power n'est réellement dépendant ni d'un coup d'arrêt sur le nucléaire, ni de la réglementation sur le CO2. Mais il serait l'un des grands gagnants d'un développement massif du CSC. En misant sur les techniques d'oxycombustion et de postcombustion, qui peuvent s'adapter à des centrales existantes comme à de nouvelles, le groupe dispose aujourd'hui du plus grand nombre de pilotes. À la centrale électrique de Montaineer (États-Unis), un système Alstom capte 100.000 tonnes de CO2 par an. D. P.

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Commentaire 1
à écrit le 31/05/2011 à 7:37
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La capture et le stockage du CO2 est la politique du pire qui contribuera à rendre notre planète de plus en plus inhabitable. Non monsieur, la solution réside dans l'économie d'énergie et la limitation voire la réduction de la population. Si nous ne ...

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