EDP Renovaveis convoite l'éolien offshore français

Par PL / GreenUnivers.com  |   |  624  mots
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A quelques semaines du lancement de l'appel d'offres éolien offshore français, les futurs candidats affûtent leurs armes et discutent beaucoup en coulisses pour former des consortiums, comme l'a récemment indiqué Jay Boardman, vice-président Project Control & Finance d'Areva Renouvelables.

Implanté dans l'Hexagone depuis sept ans avec aujourd'hui une équipe de 50 salariés, l'énergéticien portugais EDP Renovaveis, numéro trois mondial de l'éolien avec 7 000 MW de capacités installées, espère bien tirer son épingle du jeu. "Nous attendons encore de connaître les conditions définitives de l'appel d'offres pour nous prononcer mais nous nous préparons à participer", reconnaît Frédéric Lanoë, qui dirige les filiale française et belge depuis un an après avoir passé trois ans chez le développeur éolien WPD offshore. L'entreprise a plusieurs projets qui entrent dans le cadre des cinq zones propices définies par l'Etat.

Inquiétudes sur le tarif d'achat
"Globalement, on ne peut que se féliciter du lancement de cet appel d'offres, poursuit Frédéric Lanoë. Mais 3 000 MW, ce n'est pas suffisant. D'une part parce qu'on sera plutôt à 2 500 MW si on garde les périmètres annoncés pour des raisons techniques car on ne peut pas mettre les éoliennes trop près les unes des autres et d'autre part, parce qu'il faut aller au-delà pour donner une plus grande visibilité aux entreprises si on veut constituer une grande filière industrielle en France".
Le tarif d'achat inquiète également EDP Renovaveis. Il n'est pas fixé puisque ce sont les opérateurs qui proposeront un prix d'achat de l'électricité, mais il est prévu qu'il s'inscrive dans une fourchette de 100 à 160 euros le MW dans le projet sur les conditions de l'appel d'offres : " ce n'est pas suffisant compte-tenu des investissements à réaliser et du potentiel de production. J'espère que le haut de la fourchette sera remonté à 180 euros le MW". Avec un investissement estimé à 3,7 millions d'euros par MW pour l'offshore, contre environ 1 million d'euros pour l'éolien terrestre, la rentabilité n'est pas simple à trouver, comme l'a souligné un récent rapport du cabinet KPMG. Même si la possibilité de garantir un prix d'achat sur 20 ans est en revanche un facteur positif.

Miser sur la puissance du groupe
Comme tous les autres potentiels candidats, EDP Renovaveis fait donc actuellement ses calculs et chercher à sceller des accords pour constituer un consortium, sur le modèle de ce qu'EDF EN a déjà amorcé avec Alstom et Poweo. La filiale française compte sur la puissance de son groupe pour obtenir des conditions attractives de ses fournisseurs : l'énergéticien portugais a ainsi signé en 2010 un accord cadre historique avec le numéro un mondial des turbines Vestas pour 1,5 GW ! Mais alors que l'enjeu de l'appel d'offres est aussi de construire une filière industrielle en France, il ne néglige pas les acteurs locaux, développeurs ou sous-traitants (pour la logistique, les fondations...). "Actuellement, les discussions sont nombreuses : une fois l'appel d'offres lancé, le calendrier sera serré et il faudra signer les accords avant l'été", reconnaît le dirigeant, qui reste très discret sur ses partenaires éventuels.
L'entreprise s'appuie aussi sur l'expertise offshore de sa maison mère, qui a obtenu en janvier 2010 avec SeaEnergy une concession pour un parc de 1 300 MW au large de l'Ecosse, le parc de Moray Firth, pour lequel elle devrait bientôt obtenir le permis de construire.
Si l'éolien offshore mobilise beaucoup l'entreprise, elle poursuit aussi son chemin dans l'éolien terrestre. Avec 284 MW de capacités installées dans l'Hexagone, EDP Renovaveis se situe au 5e rang du marché. "Nous construisons 50 MW par an, représentant un investissement de 80 millions d'euros", souligne Frédéric Lanoë. Après avoir mené une stratégie d'acquisitions, avec notamment le rachat d'Eole 76 en 2008, la société mise aujourd'hui sur la croissance organique.

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