Le "smart grid" offre à Alcatel-Lucent un nouveau métier

Entretien avec Pierre Tournassoud, vice-président stratégie et marketing des activités « Strategic industries » d'Alcatel-Lucent.

Tout comme son rival américain Cisco, le spécialiste français des réseaux télécoms Alcatel-Lucent mise sur le smart grid, où il estime pouvoir occuper une place de choix. Il y a deux ans, le groupe a créé une nouvelle branche baptisée « Strategic industries » : il s'agit en clair de toutes les solutions destinées aux clients des secteurs de l'énergie, du transport et du secteur public. Notamment, tout ce qui concerne la gestion intelligente de l'énergie (smart grid) et qui offre à Alcatel un nouveau métier extrêmement prometteur.
Alcatel-Lucent ne gère pas directement l'énergie mais rend les réseaux intelligents : il fournit des réseaux de transmission de données de bout en bout du réseau électrique, ce qui le rend capable d'intégrer par exemple des systèmes de demande-réponse (autrement dit un système d'effacement diffus généré par un signal tarifaire automatique), des capteurs ou encore des systèmes de traitement des données des compteurs intelligents.

GreenUnivers : Quel est le potentiel de cette nouvelle branche pour le groupe ?
P. Tournassoud :
Ce secteur connaît déjà une croissance à deux chiffres. Nous espérons qu'il apportera une contribution significative aux revenus d'Alcatel-Lucent.
Toutes les grandes industries ou les grandes organisations comme la SNCF ou Network Rail, au Royaume Uni, ont besoin de réseaux privés pour les télécoms, pour leurs besoins opérationnels et pour des applications d'efficacité énergétique. Pour ces clients, nous offrons des solutions de bout en bout.
D'autre part, nous fournissons des réseaux aux compagnies d'énergie pour le smart grid, un nouveau métier pour nous. Nous apportons une interface pour les systèmes de demande-réponse, avec une couche de communication et de contrôle du réseau, avec une interface de gestion de réseau de bout en bout.
Depuis deux ans, le secteur de la demande-réponse est en hausse aux Etats-Unis, où nous avons remporté plusieurs projets : auprès de la compagnie d'électricité de Philadelphie PECO, de celle de Washington PEPCO et de trois autres compagnies d'énergies locales (AltaLink, OG+E, PPL et EPB à Chattanooga), pour leur fournir des réseaux IP de divers type (fibre, radio, faisceau hertzien...). Il s'agit à chaque fois de contrats de plusieurs centaines de millions de dollars, répartis entre divers fournisseurs.
Les Etats-Unis ont en effet besoin de stabiliser leurs réseaux, avec des systèmes de gestion des pannes, des capteurs et leur intégration. Ces systèmes leur offrent un retour sur investissement très court, typiquement trois ou quatre ans.
Nous n'avons pas fait d'acquisition technologique majeure dans le smart grid car nous maîtrisons les diverses technologies IP nécessaires. Même si nous n'avons pas en propre la technologie CPL (courant porteur en ligne), nous pouvons l'intégrer auprès de partenaires.

GreenUnivers : Et en France ?

Nous avons fourni à RTE, il y a cinq ans, un réseau privé de communications pour la protection, le contrôle et la supervision de leur réseau de transport d'électricité. ERDF se focalise pour l'instant sur le compteur intelligent Linky, mais il lui faudra mettre en place un réseau capable de gérer ces données de demande-réponse, et ERDF réfléchit actuellement à des investissements significatifs pour la gestion des réseaux. Nous regarderons les appels d'offres à venir.
Si nous devions proposer des systèmes informatiques couplés à nos solutions, par exemple pour gérer les données des compteurs intelligents, notre partenaire naturel - mais non exclusif -- est HP.

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