Evaluer différemment la richesse des sociétés

Les deux tiers de la valeur des entreprises françaises sont constitués de capital immatériel, absent des bilans comptables.
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« Considérez un hôtel aux Arcs 1600 ; sa valeur comptable ne prend pas en compte la neige. Pourtant, maintenant qu'il n'y a quasiment plus de neige aux Arcs 1600, et donc bien moins de touristes, la valeur de cet hôtel a nettement diminué. » Alan Fustec, cofondateur de l'Observatoire de l'immatériel et président du cabinet de conseil Goodwill Management, évoquera peut-être cet exemple lors de la conférence du Parlement des entrepreneurs d'avenir consacrée au capital immatériel.

L'absence du capital naturel (comme la neige) dans le bilan comptable d'une entreprise n'est qu'un exemple parmi d'autres qui illustre les lacunes de la comptabilité classique et son incapacité à rendre compte de la réelle valeur des entreprises. Ses clients, ses salariés, sa marque, ses savoir-faire, ses partenaires et fournisseurs, ses actionnaires... autant de facteurs qui conditionnent la réalisation des futurs profits de l'entreprise. Difficile, donc, de calculer la valeur de l'entreprise selon la méthode classique d'actualisation de ses futurs profits, sans tenir compte de l'état de ce capital immatériel. En lui attribuant une note, Goodwill Management est en mesure de décoter ou surcoter la valeur financière d'un actif calculée selon l'une des méthodes classiques : coût d'acquisition, de remplacement, exonérations de redevance (utilisées pour calculer la valeur des brevets), méthode des comparables.

La notion de capital immatériel a fait son apparition depuis une dizaine d'années à la faveur d'un décalage croissant entre la valorisation des entreprises et celle de leurs seuls actifs comptables. D'abord utilisée essentiellement lors d'opérations d'achat ou de vente, elle l'est aussi, de plus en plus, par des entreprises simplement soucieuses de garantir le bon état de leurs actifs afin de sécuriser leur développement dans la durée. La valeur des marques est l'actif immatériel le plus souvent pris en compte. « En revanche, on n'est pas prêt de voir le capital humain valorisé au bilan d'une entreprise », regrette Alan Fustec. Pourtant, le turnover très bas de la SSII Norsys, qui bénéficie d'une politique sociale exceptionnelle, constitue sans nul doute aux yeux de ses clients une part significative de sa valeur. Autre exemple, les évolutions récentes du droit de l'environnement, dont la loi de responsabilité environnementale qui accroît les éventuels passifs susceptibles de peser sur les entreprises pour dégâts causés à l'environnement. « La demande pour un chiffrage précis de ce capital immatériel est de plus en plus forte depuis quelques années, témoigne Alan Fustec. Certains assureurs commencent même à prendre en compte les risques qui lui sont afférents. »

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