GDF Suez limoge le fondateur de la Compagnie du Vent qui saisit la justice

Par latribune.fr  |   |  468  mots
Copyright Reuters
Jean-Michel Germa, pionnier de l'éolien en France, conteste sa révocation. Il dénonce le « siphonage » de sa société par GDF Suez et réclame 485 millions d'euros.

Rien ne va plus entre GDF Suez et Jean-Michel Germa, le pionnier de l'éolien en France, qui avait cédé en 2007 au géant de l'énergie le contrôle de sa société pour financer son développement. Vendredi, GDF Suez a annoncé avoir révoqué Jean-Michel Germa, qui détient encore 43% de La Compagnie du Vent, pour le remplacer à sa tête par un homme du groupe franco-belge, Thierry Conil. Le fondateur de La Compagnie du Vent s'est empressé de contester cette révocation. Il demande en référé au tribunal de commerce d'invalider la procédure. L'audience est fixée au 9 juin.

La tension entre les deux actionnaires, en désaccord depuis des mois, est montée d'un cran à l'approche de l'appel d'offres français sur l'éolien offshore prévu mi-juin. Précurseur, La Compagnie du Vent travaille depuis 2005 sur un projet au large de Dieppe, qui nécessite un investissement de 2 à 2,5 milliards d'euros.

Divergences stratégiques

Jean-Michel Germa estime que ce projet est en voie de se concrétiser grâce à son « travail intensif » depuis des années. Il refuse que GDF Suez vienne dans la dernière ligne droite « réduire le rôle de la Compagnie du Vent à la portion congrue ». GDF Suez vient de s'associer avec Areva et Vinci pour « gagner trois des cinq projets » qui vont être ouverts à la compétition. « La taille de ces chantiers et le cahier des charges du gouvernement exigent des partenariats », souligne GDF Suez.

« En voulant obstinément rester indépendant, Jean-Michel Germa mène la société dans le mur », estime le groupe. Le fondateur de la Compagnie du Vent juge à l'inverse être bridé dans ses développements par GDF Suez qui privilégie d'autres filiales détenues à 100 %. Il accuse le groupe dirigé par Gérard Mestrallet de mener une « politique systématique de transfert des actifs et du savoir-faire » de leur société commune vers d'autres entités du groupe. Et il chiffre à 485 millions d'euros le préjudice subi par la société dont il affirme être encore le président !

Jean-Michel Germa devait de toute façon quitter la présidence de La Compagnie du Vent en novembre prochain. Ce conflit est-il une façon d'ouvrir les négociations pour céder ses parts ? « Ce n'est pas la question, répond-il à « La Tribune ». Je demande réparation pour la Compagnie. Depuis l'arrivée de GDF Suez, nos projets sont entravés. » « Nous n'avons pas vocation à nous contenter d'être banquier, rétorque GDF Suez. Nous avons décidé de prendre les choses en mains. »

C'est décidément la fin de l'autonomie pour les filiales énergies renouvelables des grands énergéticiens. EDF a lancé vendredi, jusqu'au 16 juin, une offre d'achat sur les 50 % d'EDF Energies Nouvelles qu'il ne détient pas.