Le comportement : LA clé du succès de la gestion intelligente de l'énergie et de l'eau ?

La technologie ne fait pas tout en matière de maîtrise de l'énergie et de l'eau ! Sans implication des consommateurs, il n'y aura pas de révolution verte dans la gestion de ces ressources. Depuis des mois, les innovations se développent à grande vitesse sur le marché de l'efficacité énergétique et de la gestion de l'électricité (smart grid). Le secteur de l'eau (smart water) est aussi de plus en plus concerné, avec l'objectif de mieux gérer les ressources disponibles. Mais le comportement des utilisateurs émerge comme le facteur déterminant pour la bonne pénétration des technologies sur le marché.
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C'est ce qui ressort de plusieurs expériences menées actuellement sur le marché des réseaux électriques intelligents. Sur les 23 projets d'expérimentions de smart grid en France recensés par GreenUnivers, de nombreuses expériences visent à étudier la psychologie de l'utilisateur face à des outils de gestion énergétique. Les entreprises savent que sans le consommateur, elles auront des difficultés à faire passer leur vision du marché.

Le volet comportemental au centre du jeu
Le projet Modelec par exemple, cherche notamment à définir les modalités techniques et économiques permettant d?assurer l?adhésion du consommateur. Porté par le distributeur d'énergie alternatif Direct Energie, ce projet est candidat au programme des Investissements d'avenir et consiste à mettre en place une plateforme permettant de mesurer le comportement du client face à des situations d?effacement d'électricité.
Une expérience similaire est menée dans le cadre du projet Afficheco en région Centre. Ce projet collaboratif vise à réaliser des enquêtes sociologiques répétées auprès de foyers équipés d'afficheurs énergétiques. L'objectif est d'identifier et d'évaluer les changements de comportement, les actions entreprises par les foyers sur l'énergie et l'impact énergétique des actions engagées. Du côté de Bouygues Immobilier, et de son immeuble GreenOffice loué à la société d'infogérance Steria France dès cet été, l'accompagnement au changement et la sensibilisation des occupants seront aussi au coeur de la démarche.

Mettre en place des incitations
Les entreprises sont désormais convaincues que sans l'adhésion du consommateurs, elles auront des difficultés à déployer des technologies et des services liés aux réseaux électriques intelligents. Pour la start-up GridPocket, qui lance un projet pilote à Cannes (Alpes-Maritimes) parmi quelques dizaines de foyers, le constat est clair : l'usager néglige sa consommation d'énergie. À Cannes, le but sera de comprendre et d'étudier le comportement énergétique des habitants en fonction de leur connaissance ou non de leur consommation d'électricité. GridPocket estime qu'il faut mettre en place des solutions (incitation économique, cadeaux ou bonus, nouveau modèle économique, etc) pour pallier ce manque d'intérêt.
En matière de modèle économique, Edelia (groupe EDF) s'apprête pour sa part à lancer une offre commerciale sur les deux zones où le compteur communicant Linky est expérimenté actuellement : Lyon (Rhône) et la région de Tours (Indre-et-Loire). Le but ? Jauger sur un temps limité l'intérêt des consommateurs pour des services de gestion énergétique, avec l'idée de revoir la copie si l'offre n'est pas pertinente.

Même constat dans l'eau
Le constat est assez proche dans le domaine de l'eau. Si les particuliers sont plutôt sensibles à la ressource, de par son coût et la crainte du gaspillage, les entreprises présentent une grande insouciance dans leur gestion de l'eau, selon une récente étude réalisée par l'Ifop pour le compte de la PME Hydrelis (à l'origine d'un disjoncteur d'eau). Pire, il existerait dans l'entreprise un décalage entre l'attitude positive de l'individu face à la fragilité de la ressource "eau" et son attitude quotidienne au travail fort peu citoyenne.
"Dans l'entreprise, les études économiques et sociologiques montrent que les salariés ne font pas attention à leur consommation," observe Anastasia Angueletou-Marteau, économiste de l?eau au laboratoire EDDEN (Economie du développement durable et de l?énergie) à Grenoble. Ce manque de motivation pour des éco-gestes au travail s'explique en partie par l'absence d'intérêt économique et financier pour le salarié.
Les dirigeants ne sont pas plus exemplaires. La grande majorité (78%) perçoit l'eau comme une ressource coûteuse, selon l'Ifop*. Mais une majorité d'entre eux (53%) ne fait rien pour mieux gérer la consommation d'eau ! Paradoxalement, malgré ce manque d'implication, la plupart ont conscience que des économies substantielles pourraient être réalisées si des actions concrètes étaient misent en place. De quoi donner espoir aux sociétés qui se positionnent sur ce marché...

* Etude Ifop réalisée auprès d'un échantillon représentatif de 502 dirigeants d'entreprises, de plus de 50 salariés. Sondage réalisé du 2 au 10 février dernier.

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