Le retrait allemand du nucléaire relance le super-réseau électrique européen

Relier les centrales éoliennes des pays qui bordent la mer du Nord. L'idée prend forme, mais les difficultés techniques et technocratiques demeurent.
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Le retrait annoncé de l'Allemagne du nucléaire d'ici à 2022 fait des heureux. Pour compenser, le pays sera contraint d'augmenter sa production d'électricité renouvelable, notamment à partir de l'éolien en pleine mer. Cela renforce l'idée d'un super-réseau électrique en mer du Nord (« supergrid » en anglais), qui relierait les différentes centrales éoliennes offshore de la dizaine de pays riverains.

L'idée n'est pas nouvelle, mais elle commence à prendre sérieusement corps. En décembre dernier, dix pays - dont la France - ont signé une « initiative » destinée à coordonner leurs investissements dans les connections électriques en mer. En mars, une agence de coordination des régulateurs électriques européens a vu le jour.

Sur le terrain, un premier projet concret prend forme entre l'Allemagne et le Danemark. L'Union européenne a versé une subvention de 150 millions d'euros pour relier les éoliennes situées à Kriegers Flak, une zone à cheval entre les eaux territoriales des deux pays. Au Royaume-Uni, l'un des pays les plus en pointe dans l'éolien offshore, le régulateur évoque une « douzaine de projets en cours » pour relier différents pays.

Problème administratif

L'objectif du « supergrid » est de faire face au principal problème du vent, qui ne souffle pas en permanence. Pour pallier cette intermittence, il est possible de relier les différentes centrales éoliennes entre elles, pour exploiter au mieux le vent, où qu'il souffle. De plus, cette liaison paneuropéenne permettrait de relier d'autres sources d'électricité, dont les barrages hydroélectriques de Scandinavie.

Au Royaume-Uni, où l'idée fait son chemin, le comité parlementaire à l'énergie consacrait ce mardi une session au « supergrid ». Selon Alison Gray, directrice commerciale de National Grid, le réseau britannique, le « supergrid » permettrait d'économiser jusqu'à 25 % des investissements nécessaires au réseau britannique. Une économie qui s'explique par l'absence de doublon entre les connexions, chaque éolienne n'ayant pas besoin d'être directement reliée à la terre.

Néanmoins, les barrages techniques au « supergrid » demeurent énormes.

« D'ici à 2020, les centrales éoliennes en mer seront deux fois plus éloignées des côtes et dix fois plus puissantes, souligne Stuart Cook, de l'Ofgem, le régulateur électrique britannique. Cela pousse à leur maximum les possibilités techniques. » Un exemple : les transformateurs électriques en pleine mer font actuellement la taille d'un immeuble de quatre étages, et ils devraient être encore plus grands à cet horizon.

Néanmoins, de l'avis des participants à la cession du comité parlementaire, le vrai problème sera d'ordre administratif. Chaque réseau national répond actuellement à ses propres normes, pas toujours compatibles, particulièrement en pleine mer glacée. Le marché de l'électricité doit être également unifié à travers l'Europe, pour pouvoir vendre alternativement dans différents pays. Et en février, lors du sommet européen de l'énergie, les chefs d'État de l'Union européenne n'ont pas explicitement cité un super-réseau électrique dans leurs recommandations. L'urgence politique, sans doute clé dans ce domaine, n'est pas encore au rendez-vous.

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Commentaires 14
à écrit le 10/07/2011 à 10:16
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Ce sont des sujets sérieux, où on aimerait entendre l'avis de véritables spécialistes techniques, je veux dire d'ingénieurs du domaine précis, pas des sois-disant "chercheurs" omniscients qui sont souvent des verts déguisés et pas directement compéte...

à écrit le 21/06/2011 à 12:01
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L'évolution des technologies et des sites de production permettra à ce pays de baisser ses besoins de plus de 30 %, il ne sera donc pas nécessaire de compenser, selon une vision du passé appliquée au futur. L'Allemagne a une consommation par habitant...

le 10/07/2011 à 14:49
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La question n'est pas là. Rien de plus simple d'ajouter des capacités de production pour atteindre n'importe quel chiffre, si on ne se préoccupe pas du coût de l'énergie arrivé chez l'utilisateur, du CO2 généré, et de la disponibilité de cette énergi...

à écrit le 21/06/2011 à 5:06
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Nous ne pouvons qu'apprécier la direction prise par l'allemagne. Le côté écologique n'est plus à démontrer. Reste le côté économique qui lui aussi ne peut être que favorable dans une économie de plus plus fragile. La création par énergie nouvelle est...

à écrit le 19/06/2011 à 19:47
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Le gouvernement français devrait prendre exemple sur ces pays européens qui préparent leur reconversion plutôt que de faire du lobbying pour les fleurons nucléaires français.

le 21/06/2011 à 3:26
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Les français n'ont pas choisi un gouvernement Vert alors que les allemands votent pour les écologistes depuis de nombreuses années et ils ont ainsi mis en place tout une industrie avec emplois et résultats et bénéficient d'avancées technologiques trè...

à écrit le 18/06/2011 à 21:57
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A l'intention de la Tribune. Il est regrettable que le site ne permette pas la rédaction de petits textes ( voir mille mots) comme cela se fait aillers. Les interruptions répétée de la rédaction de pensées plus élaborées sont de ce fait impossible e...

le 09/07/2011 à 16:02
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Je me joint à cette requête. Ecrire un texte soigné pour le voir disparaître au refresh automatique de la page est très énervant. Il faudrait savoir si on est sur latribune ou sur tweeter...

à écrit le 18/06/2011 à 19:14
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Les éoliennes,le solaire, l'énergie osmotique, les marées motrices, le thermique, etc,... Il faudra bien un jour s'y mettre. Le pétrole aura atteint son pic de production durant ce siècle et les réserves d'uranium auront été toutes exploitées aussi. ...

à écrit le 18/06/2011 à 15:18
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Les centrales éoliennes en mer seont bientôt plus dangereuses pour la marine que les récifs côtiers.

à écrit le 18/06/2011 à 9:49
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Chacun devrait participer à la production Europeenne au prorata de ses besoins .Il est,à mon sens ,anormal que des pays comme l'Italie ne respecte pas cette règle .Et quid de l'allemagne dans le futur ?

le 18/06/2011 à 13:43
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pour quelle raison ? Ou plutot, qui êtes-vous pour avoir un avis si éclairé ? :o

à écrit le 16/06/2011 à 12:53
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session!svp!

à écrit le 15/06/2011 à 21:50
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M. Albert, pas uniquement la question du supergrid, mais surtout la question de la decentralisation de la production de l'energie. Comme M. Albers de l'asso de l'energie éolienne BWE http://www.wind-energie.de a constate dernierement pour eviter la ...

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