Ces Bretons qui visent l'autonomie énergétique

Par Rémy Janin  |   |  531  mots
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Sept communes des Côtes-d'Armor ont pris une décision aussi ambitieuse qu'exemplaire : se passer d'énergies fossiles d'ici à 2020.

Les 6.500 habitants de la communauté de communes du Mené (CCM) dans les Côtes-d'Armor n'avaient a priori aucune raison d'entamer le projet. Ils ne vivent pas sur une île, ne sont pas isolés du reste du territoire et bénéficient de toutes les commodités énergétiques fournies par la communauté nationale. Ce contexte ne les a pas empêchés de se lancer dès 2006 dans un vaste plan de développement des énergies renouvelables qui doit amener ce petit territoire breton à l'autosuffisance énergétique d'ici à 2020. Pas peu fiers de l'exemplarité de leur démarche mais aussi dans l'optique de confronter leur savoir-faire avec tous ceux qui s'intéressent à ce type d'expérience, ils organisent, depuis mercredi et jusqu'au 18 juin, les Premières Rencontres énergies et territoires ruraux.

« À ma connaissance, nous sommes les seuls en France à avoir entamé un chantier d'une telle envergure », affirme Jacky Aignel, vice-président de la CCM qui refuse de « parler d'autarcie mais bien d'autonomie énergétique ». Mais au-delà de son ambition, l'originalité du projet réside dans son architecture énergétique et ses montages financiers.

Côté énergie, la CCM a opté pour un bouquet mariant les différentes ressources disponibles. À un parc éolien de sept aérogénérateurs d'une puissance de 850 kWh chacun (dont les premiers tours de pales sont prévus pour fin 2012) s'additionne Géotexia. En recyclant 35.000 tonnes de lisier, cette usine de méthanisation, permettra de produire 12 à 13 millions de kWh par an. Le surplus de chaleur sera employé à l'assèchement des digestats (le résidu après méthanisation), d'une part, et au chauffage de serres agricoles, d'autre part.

Chaufferies au bois

Par ailleurs, la CCM a fait construire trois chaufferies au bois chargées d'alimenter des réseaux de chaleur pour le confort des habitants pendant les mois d'hiver. Avec en parallèle le souci de l'autonomie puisque 33 des 165 km2 que compte la CCM sont dévolus à la forêt afin de garantir un approvisionnement pérenne en matières premières. Trois autres chaufferies sont en cours d'étude.

Enfin, les communes ont créé la société Menergol, une huilerie qui produit 1.500 tonnes d'huile de colza par an, soit deux fois la consommation des machines et tracteurs agricoles de la communauté. L'autonomie en carburant est ainsi assurée et le reste, quelque 300 tonnes annuelles, est notamment vendu au prix de 1.000 euros la tonne à l'industrie de l'alimentation animale.

Équation financière

Financièrement, la démarche est également intéressante. Car les promoteurs du projet ont privilégie les partenariats public-privé. C'est ainsi que l'investissement de 15 millions d'euros nécessaires à la construction de l'usine Géotexia a été assuré à parts égales (32 %) par la société IDEX et la Caisse des dépôts et à 34 % par les agriculteurs locaux. Idem pour l'énergie du vent. « Pas d'éolien sans participation des habitants », insiste Jean-Pascal Guillouët président de la CCM. Du coup, les 7 millions nécessaires à la création de la société Citéol Mené sont financés à 34 % par les fonds avancés par quelque 160 foyers de la communauté. Aujourd'hui, la CCM revendique consommer 24 % d'énergies renouvelables. D'ici une dizaine d'années, elle ambitionne d'atteindre les 100 %.