Pouvoir d'achat et pratiques écologiques font bon ménage

Par Rémy Janin  |   |  526  mots
Copyright Reuters
Une étude, réalisée par Nantes Métropole auprès de 150 ménages, montre que ces derniers verdissent leurs comportements en fonction de leur pouvoir d'achat.

Peut-on changer les habitudes des ménages pour les rendre plus vertueuses d'un point de vue environnemental ? Peut-on influer sur leurs comportements quotidiens pour qu'ils émettent moins de gaz à effet de serre ? Des questions auxquelles a voulu répondre l'étude réalisée par la communauté urbaine Nantes Métropole et que publie en exclusivité « La Tribune ».

L'enquête, menée entre l'été 2010 et le printemps 2011 auprès de 150 ménages de l'agglomération nantaise, fait ressortir un enseignement majeur : la problématique du pouvoir d'achat est le premier des freins qui s'opposent à l'évolution des comportements. Les ménages évoquent aussi, dans une moindre mesure, « des situations laissant peu de marge de manoeuvre » ou encore « la force des habitudes », voire « le manque d'information ».

« Coach carbone »

Pour aboutir à ces constats, l'enquête a suivi une méthode précise. Les ménages « cobayes » ont dès l'été 2010 répondu au « coach carbone » élaboré par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe). Ce questionnaire, composé de 160 questions portant sur quatre thèmes (habitat, déplacements, équipements et alimentation), permet à ceux qui s'y prêtent de connaître leur bilan carbone, c'est-à-dire le poids en gaz à effet de serre que génèrent leurs pratiques quotidiennes (*). Une fois informés, plus de la moitié de ces ménages ont participé à des ateliers pour échanger leurs expériences et comparer la façon dont ils comptaient diminuer leurs émissions. Presque un an après, ils ont répondu une seconde fois au « coach carbone » de l'Ademe.

Les résultats sont mitigés. Sur les quatre thèmes suivis, seuls trois sont en baisse (voir graphique ci-contre). En matière d'habitat, le poste qui a le plus fort impact sur les émissions des ménages, un seul foyer s'est équipé de panneaux solaires et deux de pompes à chaleur.

Le volet transports illustre parfaitement le lien entre pratiques au quotidien et pouvoir d'achat. À l'été 2010, les émissions moyennes des ménages étaient de 4,6 tonnes de CO2. Au printemps 2011, elles avaient diminué de 15,2 %. Un relatif succès, dû moins aux efforts des personnes impliquées qu'à « la hausse du prix des carburants (qui) s'est sans doute conjuguée avec la sensibilisation de l'atelier climat », relativise l'étude. Le seul véritable succès porte sur le poste alimentation qui prend en compte le poids carbone des produits nécessaire à leur production, leur transport et leur conservation pour les produits frais. En neuf mois, il passe de 5,1 tonnes de CO2 à 4,2 tonnes de CO2 (- 17,7 %). Là encore, le pouvoir d'achat apparaît en filigrane puisqu'il s'agit par exemple de cesser d'acheter des fruits hors saison, ou encore de se passer d'eau en bouteille pour privilégier celle du robinet. Bref, en dépit d'une réelle prise de conscience des enjeux environnementaux, les Français modifient encore peu leurs pratiques, essentiellement pour des raisons de coût. Le mérite de cette étude est de le faire ressortir clairement. Reste maintenant à en tirer les conséquences sur le plan politique.

(*) Le coach carbone prend en compte les 6 gaz à effet de serre du protocole de Kyoto.