"La Chine sacrifie l'environnement à la croissance"

Championne du monde des pollutions en tous genres, la Chine s'est fixé des objectifs ambitieux en matière d'environnement.
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Sols, rivières, nappes phréatiques, air... La Chine accumule les records de pollution. Sa croissance économique échevelée qui taquine les 10 % annuels depuis une décennie l'a conduite à pousser les feux d'usines aux performances environnementales très en deçà des normes occidentales, et à multiplier les ouvertures de centrales thermiques alimentées au charbon (70 % de son mix énergétique), extrait à tout prix et responsable de nombreuses pertes humaines. Parmi les vingt villes les plus polluées du monde, seize sont chinoises, les principaux cours d'eau affichent des niveaux de pollution record, les accidents industriels se sont encore multipliés en 2010... Enfin, depuis 2006, le pays a volé aux États-Unis le record (en valeur absolue) de quantité de gaz à effet de serre rejetés dans l'atmosphère - même si le taux d'émissions par habitant est encore très bas. Mais la perspective que chaque Chinois adopte, comme il y aspire, un mode de vie occidental, avec voitures individuelles et viande à tous les repas, fait craindre le pire. Contrairement à ce que l'Occident imagine un peu hâtivement, les autorités chinoises se préoccupent des conséquences du développement économique sur l'environnement. Aux problèmes sociaux liés aux pollutions et aux conditions de travail dans les installations industrielles s'ajoutent désormais des sécheresses de plus en plus fréquentes. En 2011, le lac Poyang, deuxième plus grande étendue d'eau douce du pays, a disparu. Et le coût très élevé de ces dégâts pourrait bien faire obstacle à la poursuite de sa croissance. Un rapport de la Banque mondiale évaluait en 2007 le coût total de la pollution de l'air et de l'eau (dommages sanitaires, dommages sur les récoltes et sur l'économie...) à 2,68 % du PIB chinois chaque année.

Aussi, la Chine affiche depuis quelques années, et singulièrement dans son dernier plan quinquennal présenté en mars 2011, de grandes ambitions en matière d'environnement. Ses objectifs portent notamment sur la part des énergies renouvelables dans son mix énergétique (15 % en 2020 puis 40 % en 2040 contre 7 % en 2010) et sur une baisse de 45 % de son intensité carbone (la quantité de CO2 émise pour produire un point de PIB) entre 2005 et 2020. Pour y parvenir, les autorités prévoient notamment d'investir 575 milliards de dollars dans les énergies renouvelables dans les dix prochaines années. Ayant installé en 2010 plus d'éoliennes que tout autre pays, la Chine est du même coup devenue la championne du monde de cette énergie devant les États-Unis. Alors qu'elle multiplie la construction de centrales thermiques au charbon, la Chine est également leader en matière de recherche sur le captage et stockage de CO2. Son parc a été reconnu par l'Agence internationale de l'énergie comme celui comportant le plus de centrales « propres » au monde. Et lorsque cet effort de modernisation s'avère insuffisant ou que les autorités locales font la sourde oreille (car le fossé se creuse entre les objectifs affichés par le Parti à l'échelle nationale et la réalité sur le terrain), le pouvoir central n'hésite pas à recourir à des méthodes expéditives en fermant les sites les plus polluants afin d'atteindre ses objectifs. 2 087 usines ont connu ce sort fin 2010. Si la Chine compte bien exporter ses technologies vertes dans le monde entier (comme elle a largement commencé à le faire dans le solaire : elle abrite déjà plusieurs leaders mondiaux et elle a produit 50 % des panneaux en 2010), elle prévoit désormais de les tester sur son propre territoire et de profiter des économies d'échelles que permet un marché de 1,3 milliards de consommateurs.

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