Comment éliminer 28 kilos de déchets par Français chaque année ?

Par Dominique Pialot  |   |  605  mots
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La taxe d'enlèvement des ordures ménagères vient d'être votée. Une des mesures prises dans le cadre du Grenelle de l'environnement.

Dix kilos par personne et par semaine. C'est la quantité moyenne de déchets produite par un Européen en 2011. Deux fois plus qu'il y a quarante ans. En cause, la généralisation des plats cuisinés et autres aliments aux emballages superflus, l'explosion des achats d'équipements électroniques et leur renouvellement toujours plus rapide. Épuisement des ressources naturelles (le pétrole, présent dans la majorité des déchets qui remplissent nos poubelles, mais aussi les métaux précieux des composants électroniques), coût du traitement (+ 6 % entre 2009 et 2010) et même pénurie d'installations de traitement dans certains départements... Depuis quelques années, la réduction des déchets est à l'ordre du jour. L'Europe a ainsi fixé un objectif de recyclage et réemploi de 50 % pour 2020. En France, dotée depuis 2004 d'un plan national d'actions de prévention des déchets, le Grenelle vise une réduction de ? 7 % de 2008 à 2012, soit 28 kilos de moins par habitant et par an, et ? 15 % des quantités stockées ou incinérées.

La réglementation a son rôle à jouer auprès des consommateurs. Ainsi, la taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM) incitative, donc proportionnelle à la quantité jetée par chaque ménage, vient d'être votée. La semaine de réduction des déchets, instaurée en France en 2006 sous l'égide du ministère de l'Environnement et de l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie et devenue européenne en 2009), sert de piqûre de rappel régulière. Après le gaspillage alimentaire en 2010, l'édition 2011 (du 19 au 27 novembre) vise à inciter au réemploi et à la réparation des produits. À la clé, 13 kilos de déchets en moins par an et par personne, des créations d'emplois (16.000 en 2008) et un marché de produits d'occasion accessible aux consommateurs désargentés (2,4 millions en 2008).

Aussi vertueux soient-ils, les consommateurs ne peuvent accomplir seuls l'intégralité de la tâche. Les industriels, notamment dans l'industrie agroalimentaire, jouent un rôle essentiel dans la réduction des déchets d'emballage à la source. Grâce à des process de fabrication plus économes en matériaux et en énergie, ils ont déjà accompli en dix ans des progrès significatifs : les bouteilles en plastique ont maigri de 23 %, les pots de yaourt de 13 % et les canettes de 10 %. Créé en 1992, Éco-Emballages est un éco-organisme agréé par l'État pour favoriser la collecte le tri et le traitement des déchets ménagers. Il propose à ses adhérents (plus de 50.000 entreprises mettant sur le marché des produits emballés estampillés du point vert qui certifie leur contribution, de 491,2 millions d'euros en 2010) outils et conseils pour les accompagner dans la réduction de leurs emballages. Allègrement, recours aux recharges, plastiques fabriqués à partir de matières végétales et recyclables... Entre 1997 et 2006, le gisement d'emballages est passé de 4,8 à 4,4 millions de tonnes, malgré la hausse de la consommation. D'abord développées en grande distribution, ces initiatives gagnent jusqu'au secteur du luxe. Éco-Emballages a également lancé cette année un appel à projet pour des emballages plastique recyclables et une expérimentation est en cours dans certaines régions pour tester le recyclage de tous les plastiques, barquettes et pots de yaourt compris.

Mais l'étape suivante, qui consisterait à interrompre le cycle infernal de l'obsolescence programmée de certains produits qu'il convient de renouveler tous les six mois et qu'il revient moins cher de racheter neufs que de réparer, risque d'être plus complexe à piloter, car elle remet en cause de façon plus fondamentale le modèle économique des entreprises.