« Les conditions de réussite de ce sommet ne sont pas aujourd'hui réunies » (...), « il existe un risque d'échec ». Venu en personne introduire le Forum de lancement du sommet Rio+20 aux côtés de sa ministre de l'Ecologie, du développement durable et de l'Energie, Nicole Bricq, et de son ministre du développement, Pascal Canfin, François Hollande, l'un des rares chefs d'état européens avec Vladimir Poutine qui sera présent à Rio, a fait preuve d'un optimisme mesuré.
Il est vrai que les signaux sont loin d'être tous au vert concernant l'issue de ce sommet pour le développement durable, qui intervient 20 ans après le premier Sommet de la Terre à Rio en 1992. A l'époque, trois conventions cadres avaient été signées, sur le climat, la biodiversité et la désertification. 20 ans plus tard, la situation de la planète n'a cessé de se dégrader, comme l'illustrent les nombreux rapports publiés ces derniers jours.
Nicolas Hulot redoute « des engagements mous »
Nicolas Hulot, l'une des quelque cinquante personnalités réunies ce 8 juin à l'initiative du Club France Rio+20, ne mâche pas ses mots. « A Rio, l'humanité joue son avenir », a-t-il martelé. « En 20 ans, nous sommes passés de l'indifférence à l'impuissance. » L'auteur du pacte écologique de 2006 dont s'était inspiré le Grenelle de l'Environnement n'ira donc pas à Rio, et préfère que le sommet « débouche sur un crash diplomatique » que sur « des engagements mous ». C'est pourtant précisément ce qui se dessine.
François Hollande lui-même évoque des risques « de paroles prononcées qui ne se retrouveront pas dans des actes, le risque de la division entre pays développés, pays émergents, pays pauvres, le risque de l'échec parce qu'il peut y avoir d'autres urgences. » Il a notamment évoqué la crise économique et financière ou encore le conflit en Syrie, tout en insistant : « l'urgence majeure, c'est l'environnement ».
En France, des règles stables pour les acteurs de la transition écologique
Dans le même temps, il appelle à « une prise de conscience » et « un sursaut ». Et se fixe trois objectifs prioritaires : « un accès plus universel aux énergies renouvelables, la sécurité alimentaire et un soutien à l'économie verte sous toutes ses formes, y compris l'économie sociale et solidaire. » François Hollande a également rappelé la nécessité de définir de nouveaux indicateurs, plus pertinents que le PIB « y compris sur des sujets tels que la création d'emploi ou le pouvoir d'achat », et de nouveaux modes de financement innovants.
Précisant que la France entendait jouer pleinement son rôle sans se prétendre « ni éclaireur, ni moralisateur », le président de la République en a profité pour rappeler les atouts de la France pour réussir sa transition écologique et les projets de son gouvernement. Véhicule électrique, urbanisme de demain, gestion de l'eau, transports publics...autant de secteurs sur lesquels la France est en pointe.
Confirmant la prochaine ouverture d'une « conférence environnementale française » sur le même modèle que la conférence sociale, François Hollande a assuré que les acteurs de transition vers une économique bas carbone bénéficieraient de règles stables ; ces entreprises seront soutenues durablement, notamment grâce à une mobilisation de l'épargne réglementée, qui atteint en France un niveau élevé.
Un nouveau statut pour la société civile
La ministre de l'Ecologie et de l'Energie, Nicole Bricq, a également précisé les ambitions françaises à Rio, dont la création d'une Organisation mondiale de l'environnement dotée de moyens et de pouvoirs plus importants que l'actuel PNUE, au même titre que l'organisation mondiale du commerce (OMC) et l'Organisation internationale du travail (OIT), ou encore le lancement de négociations sur les objectifs de développement durable qui doivent prendre le relais des objectif du millénaire qui viennent à échéance en 2015. L'eau, l'énergie et les océans figurent parmi les sujets prioritaires.
La ministre, qui participera aux journées dédiées aux acteurs non étatiques en amont du Sommet, a insisté sur la nécessité d'octroyer un nouveau statut aux acteurs de la société civile et collectivités territoriales, assorti d'un droit d'accès à l'information, et de la possibilité d'intervenir et de proposer des amendements aux textes.
Les Français préoccupés et frustrés
Justement, un sondage Opinion Way commandé par le Club Rio+20 révèle que les Français, qui n'ont qu'une connaissance limitée de Rio+20, expriment en revanche massivement leur souhait de pouvoir participer au débat sur la transition écologique. 70 % ont entendu parler du Sommet de Rio de 1992 mais seulement 17 % de Rio+20, et 17 % pensent que ce type de sommets peut être utile. Préoccupés par les risques sur la santé ou le réchauffement climatique, les Français aimeraient pouvoir contribuer au débat via Internet, et sont 78 % à estimer que la société civile est insuffisamment impliquée.
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