Les quotas de carbone vont "voyager" entre l'Europe et l'Australie

Les ministres européen et australien en charge du climat ont annoncé ce mardi 28 août leur projet de lier leurs systèmes d'échange de quotas de carbone d'ici à 2018. Une première qui pourrait être suivie d'autres alliances, comme l'espèrent les experts de la lutte contre le changement climatique.
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Les espoirs fondés sur des alliances entre systèmes régionaux d'échange de quotas carbone sont au moins aussi vieux que le piétinement des négociations internationales sur le climat. En l'absence d'accord sur un système et un prix unique, qui semble s'éloigner un peu plus d'une conférence à l'autre, les hérauts de la lutte contre le changement climatique tablent sur l'interconnexion entre les différents systèmes régionaux qui, eux, se multiplient un peu partout dans le monde.

Après l'instauration du système européen (ETS, ou European Trading Scheme) en 2005, précurseur du modèle « cap and trade » consistant à instaurer un plafond de quotas et un système d'échange entre les états et les acteurs assujettis, plusieurs états américains et canadiens se sont regroupés en 2008 au sein du RGGI (regional greenhouse gas initiative). La Californie a annoncé son propre système pour 2013, l'Inde, la Chine et la Corée du sud ayant prévu de metter le leur en place d'ici à 2015.

Une taxe sur 300 émetteurs australiens

L'Australie est le dernier pays en date à avoir mis un dispositif en place : depuis le début du mois de juillet dernier, les 300 plus grandes entreprises australiennes, responsables de 60 % des émissions nationales de CO2, doivent s'acquitter d'une taxe de 23 dollars australiens, soit 19 euros par tonne de CO2 émise. Mais à compter de 2015, ce système est voué à prendre la forme d'un marché Asie-Pacifique calqué sur le marché européen. D'où le projet de relier les deux dispositifs à l'horizon 2018, annoncé dans un communiqué conjoint par le minsitre australien en charge du changement climatique Greg Combet et la Commissaire européenne Connie Hedegaard. Plus précisément, les acteurs australiens pourront dès mi-2015 acheter des crédits européens pour couvrir leur position, mais les entreprises européennes ne pourront pas faire la même chose avant 2018.

Une garantie de pérennité pour le système australien

Aujourd'hui, le cours européen plafonne à 8 euros, soit 10 dollars australiens, mais Bruxelles envisage différents moyens de le faire remonter, notamment en ne mettant  aux enchères à partir de 2013 qu'une partie des quotas prévus. Pour les défenseurs australiens du marché carbone, il deviendrait plus difficile pour les industriels australiens, qui y sont ouvertements hostiles, de s'y opposer une fois les deux systèmes connectés. Tout comme il deviendrait plus difficile pour le leader actuel de l'opposition de le supprimer s'il emporte les prochaines élections de 2013.

Cette initiative est importante à double titre : elle pourrait servir de modèle à l'établissement d'autres accords bilatéraux ; l'Union européenne a d'ores et déjà noué des contacts à ce sujet avec la Californie, la Corée du sud, la Chine ou encore  la Suisse. Elle pourrait constituer la première étape d'un système mondial composé d'interconnexions entre une multitude de marchés régionaux.
 

 

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