Un nouveau modèle économique pour le photovoltaïque français

Solairedirect, la Région Poitou-Charentes et un distributeur local s'engagent pour trente ans avec l'objectif de remplacer l'obligation de rachat de l'électricité solaire par des contrats de gré à gré indépendants des subventions.
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Comme elle le souligne elle-même, Ségolène Royal ne sera probablement plus présidente du Conseil régional de Poitou-Charentes dans trente ans. Mais avec l'engagement tripartite que vient de signer la Région avec Solairedirect (deuxième exploitant français derrière EDF EN avec 120 MW fin 2011) et la régie locale de distribution d'énergie Sorégies (voir ci-dessous), l'ancienne candidate à l'élection présidentielle signe une expérience innovante de plus sur un territoire qu'elle qualifie de « laboratoire d'excellence environnementale ». Première région à créer avec la banque européenne d'investissement (BEI) un « fonds de résistance photovoltaïque » de 400 millions d'euros pour soutenir les PME locales et créé une « école des métiers du solaire ». Le plan régional affiche un objectif de 270 mégawatts (MW) installés en 2015, et 1000 MW en 2020. « Une puissance équivalente à une centrales nucléaire, mais avec une production moindre liée à l'intermittence », observe celle qui entend prouver que les territoires peuvent rendre viable la filière solaire française, malmenée par la baisse à répétition des tarifs de rachat et les modifications de la fiscalité.

Sécuriser la production

Cette fois, il s'agit de sécuriser sur trente ans la production, l'achat et le prix de l'énergie solaire. La Région, Solairedirect et Sorégies s'engagent contractuellement au sein du modèle Ester (Electricité solaire des territoires). Objectif : développer dès janvier prochain pour 60 MW de parcs solaires, essentiellement sur le territoire régional. La SEM créée par la Région (65 %) et Solairedirect (35 %) sera actionnaire des sociétés de projets. Sorégies rachètera l'électricité produite à un tarif encadré. Le prix plancher de départ est fixé à 108 euros/MWh, tarif d'achat en vigueur pour un parc achevé au deuxième trimestre 2012. Comme l'opérateur national EDF, Sorégies bénéficie de la CSPE (contribution au service public de l'électricité) pour financer ce rachat. Tablant sur une baisse continue des coûts du solaire face à une hausse de ceux des énergies fossiles et nucléaire, le système doit, après une dizaine d'années, permettre de sortir de l'obligation de rachat pour passer à un contrat de gré à gré entre Solairedirect et Sorégies, à un prix inférieur à celui du marché. Le plafond, lui, est calculé sur la base d'un tarif en croissance maximum de 6 % par an, assez peu probable sur trente ans. « ESTER est un outil de protection contre la hausse des prix de l'énergie », se réjouit Ségolène Royal. Aujourd'hui située en Afrique du sud, la fabrication des modules de Solaire Direct créera des emplois à Châtellerault, à partir de perspectives annuelles d'au moins 120 MW, soit 600 MW sur cinq ans. De quoi relancer le projet industriel envisagé en 2009 avant d'être suspendu dans le contexte français.

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Pourquoi le distributeur local Sorégies adhère au système
Le quatrième distributeur français d'électricité vise 20 % d'énergies renouvelables dans son mix énergétique en 2020. Quelque 5 % de l'électricité vendue en France échappent à l'opérateur national et reviennent à des sociétés de distribution locales. Sorégies, vieille dame de 80 ans, est l'une d'elles. Implantée dans la Région Poitou-Charentes, elle regroupe trois entreprises locales et a pour principal actionnaire public le syndicat des énergies de la Vienne, qui rassemble 270 communes. Sorégies vend à ses 140.000 clients 1,4 milliard de kWh par an. Son chiffre d'affaires (250 millions d'euros) provient de la vente d'énergie (électricité et gaz) qu'elle produit elle-même, ainsi que d'une activité de trading (électricité, gaz, crédits carbone et certificats d'économie d'énergie). Sorégies possède déjà un droit de tirage de 850 GWh sur une centrale à gaz à cycle combiné située en Moselle et exploitée par E.ON.
« En 2020, notre objectif est d'atteindre un mix énergétique de 50 % en base (nucléaire ou hydroélectricité au fil de l'eau), 30 % de semi-base (déjà assuré par la production de la centrale à cycle combiné) et 20 % d'énergies renouvelables, à la fois éolienne, photovoltaïque et méthanisation », explique Jean-Pierre Viou, président exécutif de Sorégies. « Ester va nous permettre de nous approvisionner en énergie verte sur le long terme, à un tarif garanti ». Garanti et en principe inférieur à celui du marché. Pour autant, les 60 MW de photovoltaïque en projet dans la région ne sont qu'une goutte d'eau en comparaison des 1,4 milliards de MWh aujourd'hui commercialisés par Sorégies.
 

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Commentaire 1
à écrit le 13/11/2012 à 10:35
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C'est interessant, mais pour que ce soit plus clair, et eviter de faire passer un faux messages, vous pourriez utiliser la même unité, que de changer de GigaWatts, MégaWatts, Watt/h, etc, c'est assez perturbant pour comprendre clairement les chiffres...

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