700 milliards de dollars économisés grâce à l'économie circulaire

La fondation Ellen MacArthur, fondée par la navigatrice anglaise férue d'écologie, a dévoilé au forum de Davos le deuxième volet d'un rapport dédié à l'économie circulaire rédigé avec le cabinet de conseil McKinsey. Elle en avait rendu publique une première partie intitulée « Arguments en faveur d'une transition accélérée » lors de la précédente édition en janvier 2012. Ce second opus se penche sur « Les opportunités pour le secteur des biens de consommation ».
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Un an après sa première publication consacrée à l'économie circulaire, la fondation Ellen MacArthur récidive. L'objectif de l'économie circulaire est d'inventer un modèle de consommation alternatif à celui qui prévaut depuis 150 ans, désigné comme « un modèle linéaire » dans lequel les produits, fabriqués à partir de matières premières sont vendus, consommés puis jetés après utilisation. De nombreux experts estiment que ce modèle n'est pas compatible avec la finitude des ressources naturelles alors que la population de consommateurs, la fameuse « classe moyenne » atteint aujourd'hui 5 milliards de personnes dans le monde.

Un modèle voué à l'échec

Aujourd'hui, 80 % des matériaux utilisés pour « extraire-produire-jeter », comme le résume le rapport, ne sont valorisés sous aucune forme en fin de vie. Outre les aspects environnementaux, à l'exception des pays émergents où il peut encore se développer en volume, la fondation Ellen MacArhur voit ce modèle voué à l'échec pour plusieurs raisons : les gains d'efficacité des processus industriels restent limités, la demande est faible alors que les coûts augmentent, et les marges sont rognées. D'où la recherche d'un modèle favorisant la réutilisation des ressources et la régénération du capital naturel, tant dans la production que dans l'utilisation des biens.

Après les biens durables, ceux de consommation courante

Ce deuxième volet constitue un véritable bond en avant dans l'étude de l'économie circulaire. En effet, tandis que le premier opus restait focalisé sur des biens durables (voiture, téléphone portable, électroménager...) dont le partage, la location, la ré-utilisation sont intéressants du point de vue économique de façon évidente, ce deuxième pan s'intéresse aux biens de consommation courante. Notamment, aux 800 kg de nourriture et de boisson, 120 kg d'emballages et 20 kg de vêtements et chaussures consommés chaque année par habitant dans les pays de l'OCDE. Fréquemment achetés, à un prix généralement assez bas, ils présentent aussi une durée de vie bien moins longue. Le premier volet avait conclu à une économie nette annuelle de 380 milliards de dollars pendant la période transitoire, puis 630 milliards lorsque le modèle serait totalement adopté.

Alimentation, boisson, habillement et emballages : 80 % du marché

Pour les biens de consommation courante, qui mobilisent 35 % des matières premières consommées, 60 % des dépenses de consommation des ménages et 90 % de la production agricole, l'économie pourrait atteindre jusqu'à 700 milliards de dollars sur les matériaux.
L'étude explore plusieurs modes de consommation « circulaires et régénératifs » présentant une réelle viabilité économique, et même des opportunités de nouveaux marchés : la valorisation des déchets alimentaires des ménages, la réduction de l'impact sur les matières premières dans l'industrie du vêtement (en les ré-utilisant, enles transformant en matériaux d'isolation ou en les recyclant) ou encore des solutions d'emballages plus durables (maintenus plus longtemps en circulation ou biodégradables) dans le secteur de la boisson. Les segments choisis, alimentation, boisson, habillement et emballages représentent 80 % du marché des biens de consommation courante.
Bien sûr, comme le souligne le rapport, cela implique des systèmes de collecte plus efficaces qu'ils ne le sont aujourd'hui, ainsi que des produits et emballages conçus dès l'origine pour être mieux adaptés à une deuxième vie.

Bientôt un programme pour accélérer la transition dans les entreprises

En plus des économies de matériaux évaluées par la fondation Ellen MacArthur à 700 milliards de dollars ou 1,1 % du PIB annuel mondial (sur la base des chiffres de 2010), le rapport pointe plusieurs bénéfices « secondaires » en termes d'innovation, de préservation des terres agricoles, ou encore de création d'emplois locaux peu ou pas qualifiés.
En outre, le développement de services à valeur ajoutée tels que la réparation, la transformation, le retour ou la location de biens permet à une entreprise de multiplier les interactions et donc de resserrer les liens avec ses clients.
D'ailleurs, nombre d'entreprises semblent avoir entrevu les avantages de cette économie circulaire, tant et si bien que pour faire face à une demande grandissante, la Fondation Ellen MacArthur s'apprête à lancer en février un programme destiné à accélérer la transition. Intitulé « Les 100 de l'économie circulaire », il regroupera dès son lancement plus groupes internationaux.
 

 

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Commentaires 5
à écrit le 12/02/2013 à 8:43
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dans l'application de cette perspective intelligente, compenser les pertes d'emploi que l'économie durable est suceptible d'occasionner par de nouveaux emplois, la balance sera-t-elle favorable ?

à écrit le 30/01/2013 à 23:20
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De l'écologie constructive et non punitive Un vrai modèle économique viable avec une vision à long terme !!!

à écrit le 29/01/2013 à 13:28
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@ idée, pourquoi être aussi excessif dans les taux? Appliquer des taux raisonnables serait déjà un bon pas dans le bon sens. C'est d'ailleurs de cela que devrait discuter la commission réunie pour parler de la fiscalité écologique. Après tout, on tax...

à écrit le 29/01/2013 à 12:44
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Pour motiver les entreprises, et comme nos politiciens adorent les taxes, on pourrait en créer une qui soit fonction de la "recyclabilité" des produits : de 1000% pour un produit jetable à 0% pour un produit recyclable facilement.

à écrit le 29/01/2013 à 11:48
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700 milliards de dollars économisés grâce à l'économie circulaire est une supposition mais il sera toujours préférable d'employer le mot "gagner" plutot que "d'économiser" si l'on veut interesser les entreprises!

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