Le sujet de la performance thermique des bâtiments n?est pas né avec le débat sur la transition énergétique. Responsable d?un quart des émissions de gaz à effet de serre et de 43% de la consommation d?énergie, dont plus de 15 milliards d?euros de pétrole et de gaz importés par an, le bâtiment figurait déjà en bonne place du Grenelle de l?environnement. Le Plan bâtiment Grenelle de 2009, confié à l?avocat Philippe Pelletier, visait la rénovation de 400000 logements par an dès 2013 et une baisse de 38% de la consommation des bâtiments à l?horizon 2020. Le gouvernement a reconduit Philippe Pelletier à la tête d?un Plan bâtiment durable. Avec un objectif relevé à 500000 logements neufs et autant de rénovations chaque année. Une gageure, sachant qu?on ne compte que 160000 rénovations par an.
Les idées ne manquent pas pour changer de braquet : accompagner les ménages via des guichets uniques de la rénovation et des informations pédagogiques sur les factures; instaurer progressivement une obligation de rénovation sur certains types de logements et à certaines occasions, dont les mutations; labelliser des artisans regroupés en filières, capables d?ajouter un volet performance thermique à toutes sortes de travaux; durcir la réglementation, réformer le diagnostic de performance énergétique (DPE); mettre en place un observatoire des prix (matériaux et main-d??uvre) de la rénovation?Côté financement, s?ils plaident pour le renforcement des dispositifs existants (crédit d?impôt développement durable, écoprêt à taux zéro), les experts s?évertuent à résoudre une équation simple : les investissements de rénovation bénéfiques à la collectivité ne sont rentables qu?à long terme. Trop lourd pour un particulier et inacceptable pour les banques.
Les propositions se multiplient : verdissement de toute la fiscalité liée au logement, expérimentation du tiers investissement (qui utilise les économies futures pour se financer), instauration de nouvelles recettes, par exemple en autorisant la construction d?étages supplémentaires dont la vente fournirait à la copropriété de quoi financer ses travaux?Surtout, un accès à des liquidités à longue maturité et coût faible s?impose qui pourrait prendre la forme d?un outil de refinancement public-privé. Plébiscité par le Plan bâtiment durable et par Terra Nova, il bénéficierait d?un amorçage public avant de basculer dans le privé. Ce fonds serait alimenté par la Caisse des dépôts, les fonds de retraite, les produits d?épargne, des contributions des énergéticiens et d?autres acteurs privés de la filière BTP. Surtout, il devrait mobiliser des fonds de la banque européenne d?investissement (BEI). Dotée de 60 milliards (dont 9 pour la France) pour relancer la croissance, celle-ci a identifié l?efficacité énergétique comme l?un des sujets prioritaires pouvant y contribuer?
Performance thermique : des travaux à la pelle
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