Les symbioses industrielles, un modèle d'efficacité énergétique partout sauf en France

Par Laurence Grand-Clément / Contributrice de CleantechRepublic  |   |  671  mots
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Favoriser les possibilités entre industriels d'échanger de la matière ou de l'énergie. C'est le principe des Symbioses Industrielles. Un modèle qui peine à voir le jour en France.

Grand absent du débat national sur la transition énergétique, modèle des symbioses industrielles est pourtant déployé dans de nombreux pays, tels que le Royaume-Uni, la Belgique, la Hongrie, et le Brésil. Corollaire (ou non ?), un autre point commun entre ces pays est d?avoir réussi à préserver ou redynamiser leur tissu industriel ces dernières années. Les explications - dans une Tribune pour Cleantech Republic -  de Laurence Grand-Clément, catalyste au sein de l?Observatoire de l?Innovation dans l?Energie. Une structure qui organise justement, le 30 mai à Paris, une conférence-débat sur le thème : Comment libérer les synergies industrie-territoire ? I

Symbioses industrielles, en quoi cela consiste ?

De façon très pragmatique il s?agit de favoriser les possibilités entre industriels et autres acteurs locaux de substituer ou échanger de la matière ou de l?énergie, de mutualiser leurs approvisionnements et enfin de mutualiser la gestion des déchets. Quels en sont les bénéfices ? Alors que la première entreprise peut réaliser des économies sur les coûts d?élimination, l?autre se voit offrir la possibilité de réduire ses coûts d?approvisionnement. Dans le même temps, ce mécanisme permet de réduire la quantité de matières premières utilisées ? ce qui profite à l?environnement ? et de créer de nouveaux emplois, principalement des emplois qualifiés dans le secteur des cleantechs. Au-delà des premiers « quick wins », la vertu de cette approche est de nourrir une nouvelle culture de collaboration intersectorielle. L?expérience montre également que des projets plus complexes à forte dose d?innovation en sont la suite naturelle.

De premiers résultats encourageants

L?initiative anglaise lancée en 2003 (le NISP) a déjà engrangé des résultats impressionnants. En quelques années seulement, son fondateur Peter Laybourn et ses collègues ont obtenu de réduire de 35 millions de tonnes la quantité de déchets mis en décharge, d?économiser 48 millions de tonnes d?eau, d?éviter l?émission de 30 millions de tonnes de CO2 et enfin d?éliminer 1,8 million de tonnes de déchets dangereux. Face à ce bilan, la commission Européenne - qui cherche désespérément des voies possibles pour restaurer la compétitivité de l?industrie et donner un nouveau souffle au principe emblématique des quotas de CO2 suite à l?effondrement du prix de la tonne de carbone - ne devrait pas rester longtemps de marbre. Il y a ainsi fort à parier qu?une stratégie européen européenne de support aux synergies industrielles voit le jour à compter du second semestre.

Demain, la France ?

Hors de l?UE, la Chine, dont la législation n?est pas nécessairement favorable à ce type d?initiative, a également initié un programme dans la zone de Tianjin en 2010. Les objectifs, d?économie de 50 Millions de yuan, et de réduction de ses émissions à hauteur de 100 000 tonnes, comparativement plus modestes, seraient en voie d?être atteints. Alors, à quand un programme de Symbioses Industrielles en France ? Aux dires de Peter Laybourn d?International Synergies - qui a joué un rôle instrumental dans la mise en ?uvre de ces différents programmes - « il n?y a aucune raison pour qu?une telle démarche ne fonctionne pas. Il suffit d?en définir la bonne structure et la bonne approche. » Alors que la transition énergétique est censée se décliner dans les territoires, cette vision industrielle globale fait pour l?instant défaut aux Agenda 21 et aux SRCAE. Les industriels français tels que Michelin, EDF, Veolia y trouvent quand même leur compte, mais pour l?instant uniquement au-delà de nos frontières.

Bio express de l?auteur
Catalyste au sein de l?Observatoire de l?Innovation dans l?Energie, Laurence Grand-Clément possède une expérience de plus de dix années dans de multiples secteurs (Energie, High Tech?). Elle se passionne pour les collaborations industrielles.