Vers une finance plus sobre en carbone

Banques et assurances intègrent davantage le changement climatique dans leurs activités. Mais elles ont encore des progrès à faire en banque de détail et en financement de projets.

Les banques ont connu une année délicate, et les signataires des « climate principles »  sont d'autant plus méritants d'en avoir entamé la mise en oeuvre », se réjouit Jon Williams, associé du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC) à Londres. Il a coordonné une étude publiée il y a quelques jours qui fait le point, un an après leur adoption sous l'égide du Climate Group, sur la diffusion de ces « climate principles » au sein des institutions financières. Ces principes ont été rédigés par cinq membres fondateurs pour guider l'intégration des risques et opportunités du changement climatique à tous les pans de l'activité financière. Crédit Agricolegricole, HSBC, Munich Re, Swiss Re et Standard Chartered Bank... ces mêmes membres fondateurs, dont les actifs cumulés pèsent 5.500 milliards de dollars, voient leurs pratiques passées au crible dans l'étude de PwC. Avec un bilan globalement positif.

Marge de manoeuvre

« De façon générale, les institutions financières ont pris la mesure des implications économiques du changement climatique et ont progressé dans leurs pratiques », estime Jon Williams. Pour commencer, elles ont diminué de façon significative l'impact de leurs propres activités sur l'environnement (consommation énergétique des bâtiments, voyages de leurs cadres, consommation de papier...). Au-delà, les assurances, en particulier, ont fait preuve d'innovation dans leurs lancements de produits et services. Les banques, de leur côté, développent de plus en plus de fonds et d'indices pour guider les (grands) investisseurs vers l'économie bas carbone. « Les équipes de recherche ont bien intégré le sujet », reconnaît Jon Williams, citant en exemple l'indice « Global Climate Change Benchmark » de HSBC ou le fonds d'investissement du Crédit Agricolegricole dédié aux énergies renouvelables.

En revanche, concernant la banque de détail et surtout le financement de projets, les établissements financiers ont encore une large marge de manoeuvre. PwC souligne le rôle de sensibilisation au changement climatique que pourraient jouer les banques auprès de leur large base de clientèle, mais déplore l'absence de politique ad hoc en matière de crédit aux particuliers. À croire que la France, avec ses prêts verts et son écoprêt à taux zéro, fait figure d'exception. Par ailleurs, alors que les « fonds verts » ont surperformé le marché l'an dernier, rien n'est fait pour guider les particuliers vers ce type d'investissements « qui permettraient pourtant à certains de reconstituer leur retraite », remarque Jon Williams.

Manque de cohérence

Quant au financement de projets, activité régulièrement pointée du doigt par les associations écologistes, « une attitude éco-responsable impliquerait que la banque soit capable d'évaluer les conséquences de chaque projet sur l'environnement et de travailler avec son client sur le sujet, rappelle Jon Williams. Mais on ne distingue aucune cohérence dans les politiques menées par différentes banques, ni d'ailleurs au sein d'un même établissement ». Selon lui, les banques abordent de la même façon projets d'énergies renouvelables, cimenteries ou oléoducs. Sans se préoccuper de la valeur future de l'investissement en fonction de l'évolution des réglementations ou du prix du carbone. « Peut-être qu'ils étudient la question, mais sans en faire état », relève-t-il.

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Commentaires 2
à écrit le 05/02/2010 à 17:37
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les assureurs et surtout les réassureurs peuvent avoir un rôle important en tarifiant le risque ecologique des industriels et en leur faisant payer lourdement la note si leur pratique n'est pas conforme

à écrit le 05/02/2010 à 10:07
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Un article très intéressant...les banques de détail françaises sont-elles sur les mêmes tendances ?

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