Des algues " recycleuses " de carbone

La société australienne MBD Energy vient de développer une algue de synthèse qui capture les émissions de gaz carbonique.

MBD Energy ne transforme pas le plomb en or, mais est en passe d'obtenir le même résultat avec certaines variétés d'algues australiennes. Après cinq ans de recherches, cette entreprise basée à Melbourne vient de développer une algue de synthèse miraculeuse, qui pourrait bien contribuer à sauver la planète. Appelée « mangeuse de carbone » par l'équipe qui l'a mise au point, elle capture les émissions de CO2, les utilise pour sa propre croissance, avant d'être recyclée à son tour en biocarburants et en aliments pour bétail.

Des deux tonnes de carbone capturées l'année passée dans leur laboratoire, les chercheurs de la James Cook University ont réussi à produire 500 litres de fioul et près d'une tonne de protéines à bestiaux. « En plus d'être la plus avancée, c'est aujourd'hui la technique de séquestration la plus efficace et la moins chère », assure Kirsten Heimann, la responsable des recherches. Selon les calculs, cette bioséquestration serait même rentable, dégageant un bénéfice estimé à 200 euros par tonne de carbone transformée. « Sans oublier les 1.500 dollars de crédits à placer sur un éventuel marché du carbone », rappelle encore la scientifique.

Un argument suffisant pour susciter les premiers intérêts, comme ceux de la compagnie minière Anglo American, entrée à hauteur de 20 % dans le capital de MBD Energy en décembre dernier. Le géant du charbon voit dans ces algues un bon moyen de réduire ses propres émissions de gaz carbonique et celles de ses clients, tout en empochant quelques dollars au passage. Il n'est pas le seul.

Une ferme de 80 hectares

D'autres poids lourds du secteur australien attendent déjà leur tour, pendant que trois des principales stations énergétiques du pays viennent de s'engager sur la réalisation de fermes pilotes pour retraiter leurs émissions. Pour un peu plus de 1,5 million d'euros, MBD s'engage à leur livrer dans les six mois une centrale de production capable de recycler chaque année une centaine de tonnes de carbone en 30.000 litres de fioul pour avions et 50 tonnes d'aliments pour animaux. « L'objectif à terme est de pouvoir réduire de moitié les émissions de chaque centrale équipée », affirme Andrew Lawson.

L'heureux patron de MBD vient également de réussir à convaincre ses actionnaires de débourser les 15 millions d'euros nécessaires à la construction d'une ferme de 80 hectares avant 2011. En cas de succès, il a déjà prévu de multiplier par dix la surface de ses installations. « Si nous dégageons des profits, alors les investisseurs suivront », assure Andrew Lawson, qui ne désespère pas de convaincre également un gouvernement fédéral, plus enclin jusqu'à présent à concentrer ses finances sur les projets de géo- séquestration.

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Commentaire 1
à écrit le 25/02/2010 à 8:09
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Et nos saletés d'algues "vertes" françaises, cela ne ferait pas l'affaire ?

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