LYRIQUE + Les Chorégies d'Orange ou l'art de l'acrobatie

Aix ayant déserté cet été la scène lyrique, c'est aux Chorégies d'Orange qu'il revient d'étrenner la saison des festivals d'opéras. Avec, samedi soir, en lever de rideau au Théâtre romain : Lucia di Lammermoor, l'opéra de Donizetti aux vocalises les plus acrobatiques du bel canto, interprétées par l'Américaine Kathleen Casselo. Acrobatique également, la gestion par son directeur, Raymond Duffaut, de la plus grande salle lyrique de France avec ses 8.500 places à ciel ouvert. Particulièrement depuis l'élection en 1995 du maire Front national, Jacques Bompard, qui a supprimé l'an dernier la subvention de 1 million de francs accordée par la précédente municipalité socialiste. Le ministre de la Culture d'alors, Philippe Douste-Blazy, avait repris cette subvention à son compte, mais pour cet été a ramené l'apport de l'Etat à son niveau antérieur (1,3 million de francs) arguant qu'« il n'entendait pas se substituer aux responsabilités de la municipalité ». Manifestant à l'égard des Chorégies la même solidarité républicaine que son prédécesseur, le nouveau ministre de la Culture, Catherine Trautmann, a assuré de sa présence pour la première. Aux Chorégies, on espère que son représentant au prochain conseil d'administration, qui doit se tenir également samedi, joindra le geste à la parole et reviendra sur le laisser-faire du précédent gouvernement. Un budget en baisse. Quoi qu'il en advienne, cet été, Raymond Duffaut affronte un budget en régression (19 millions de francs dont 3,3 millions) de subventions. S'il a pris l'habitude de s'autofinancer à 80 % par les recettes - ce qui est énorme pour l'opéra, très gourmand en cachets de toute nature -, il désespère de ne pouvoir prendre le moindre risque artistique. Pourtant, l'été lui a apporté une bonne nouvelle : la télévision publique et France Musique lui assureront la plus large diffusion en retransmettant en direct la première de chacun des deux opéras au programme cet été : France 2 samedi soir pour Lucia (redonnée à Orange le 15 juillet) et France 3 pour Turandot de Puccini, avec Barbara Hendricks, le samedi 2 août (redonnée le 5). « Ces retransmissions n'ont pas d'incidences financières directes pour les Chorégies, précise Raymond Duffaut, la télévision payant les droits afférents aux artistes, à hauteur de 40 % du cachet principal versé par le festival. » Mais il reconnaît que cette audience, qui multiplie par cent et plus les capacités du théâtre antique, représente une manne en termes de notoriété. « Cela intervient aussi, poursuit-il, dans la négociation finale que nous avons avec les artistes, les moins célèbres étant très motivés pour un passage à la télévision. D'autre part, les annonces faites par les chaînes sont autant de publicités pour nous... » Un contexte houleux. En vertu de la programmation resserrée mise sur pied l'an dernier pour faire face aux difficultés, deux autres concerts complètent le programme de ces Chorégies : Tristan et Isolde, l'opéra de Wagner en version concert, sous la baguette de Marek Janowski (19 juillet) et un récital par le ténor français le plus populaire du moment Roberto Alagna et son épouse la soprano Angela Gheorghiu (4 août). Que la météo soit clémente ou pas sur le théâtre antique, l'été promet d'être chaud à Orange où le député RPR, Thierry Mariani, également président des Chorégies, vient de saisir la justice pour obtenir l'annulation d'un arrêté du maire interdisant la distribution de tracts sur la voie publique. Et, dans la foulée, s'élève contre la tenue de l'université d'été du Front national, du 25 au 29 août, dans la cité devenue un bastion de l'extrême droite. Noël Tinazzi © Chorégies d'Orange, du 12 juillet au 5 août. Tél. 04.90.34.24.24.
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