CINÉMA + Tollé des réalisateurs contre la censure à Vitrolles

Le tollé s'est amplifié hier contre la décision annoncée mercredi par la municipalité Front national de Vitrolles de licencier Régine Juin, directrice depuis onze ans du cinéma « Les Lumières », salle classée Art et essai. Le motif ? Elle n'a pas suivi, selon la municipalité, « les directives du conseil d'administration de la société d'économie mixte Vitrolles Animation dont elle dépendait » et a refusé de déprogrammer le 23 mai dernier la projection et un débat autour de L'amour est à réinventer, dix histoires d'amour au temps du sida, un film qui ne « convenait pas » aux élus vitrollais. Lettre ouverte. Or il se trouve que ce programme de dix courts-métrages sur l'homosexualité s'inscrit dans la lutte contre le sida engagée et financée par les pouvoirs publics, qu'il a été diffusé à la télévision en décembre dernier sur Arte, Canal+ et M6 (il est vrai à une heure de faible écoute) et que, sorti en salle en février, il a réalisé 16.000 entrées, ce qui est loin d'être négligeable pour ce genre de films. Dans le même élan qui les avait fait réagir contre le projet de loi Debré, des réalisateurs, des producteurs et des auteurs ont adressé une lettre ouverte au président de la République et au Premier ministre. « Comment entendez-vous réagir à cet événement afin de garantir les libertés d'expression et de réunion inscrites dans la Constitution ? », demandent les signataires parmi lesquels les réalisateurs Bertrand Tavernier et son fils Nils, Claude Miller, François Dupeyron, Philippe Faucon, Anne Fontaine, Pierre Salvadori, Marion Vernoux. Ils enjoignent Catherine Trautmann, ministre de la Culture, et Marc Tessier, directeur général du Centre national de la cinématographie, de faire respecter « la décision de la commission de classification puisque ces films bénéficient d'un visa d'exploitation "tous publics" (à l'exception de l'un d'entre eux, interdit aux moins de douze ans) ». La lettre est aussi adressée à Martine Aubry, ministre de l'Emploi et de la Solidarité, et à Bernard Kouchner, secrétaire d'Etat chargé de la Santé, leur demandant comment ils entendent « assurer la diffusion optimale de films qui sont aussi des messages de solidarité et de prévention concernant un grave problème de santé publique ». De Grenoble où elle assistait à un colloque de l'association des maires sur la gestion des institutions culturelles, Catherine Trautmann, ministre de la Culture, de la Communication et porte-parole du gouvernement, a été la première à leur répondre, avouant son impuissance et déclarant n'avoir « pas de solution pour l'instant à proposer en échange. L'Etat ne peut pas systématiquement, et tout le temps, se substituer aux collectivités », a-t-elle ajouté tout en réitérant son soutien à Régine Juin. Populisme et démagogie. De son côté, le Parti socialiste, par la voix de Dominique Bredin, secrétaire nationale à la culture, constate qu'« après s'être attaqué aux moyens de la vie culturelle en sabrant tous les crédits aux associations indépendantes et aux équipes de création, le Front national s'attaque à présent aux hommes ». Pour leur part, l'Association française des cinémas d'art et essai (AFCAE) et la Société des réalisateurs de films (SRF) soulignent que « sans ces espaces de tolérance et de pluralisme, ni la démocratie, ni le cinéma ne peuvent exister ». Dans une lettre de la SFR intitulée « Le cinéma est-il soluble dans les urnes ? », Joël Amaury constate qu'après le temps - entre 1975 et 1985 - où les édiles choisissaient de rouvrir les salles de cinéma abandonnées par l'exploitation privée, la tonalité a changé, et déplore les attaques contre des films tels que l'Ombre rouge (de Comolli) dans les villes communistes ou Je vous salue Marie (de Godard) et la Dernière Tentation du Christ (de Scorsese) « dans les communes où régnait le goupillon ». Des déra
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.