OPÉRA + Juan Pons se pose à la Bastille

Ces décors qui changent en un clin d'oeil, c'est épatant ! » Pour son retour à Paris, où il ne s'était pas produit depuis 1985 à l'Opéra Garnier dans le Bal masqué de Verdi, le grand baryton espagnol s'avoue impressionné par les capacités techniques de la nouvelle salle parisiene, à l'acoustique de mauvaise réputation. Il y endosse à partir de ce soir les oripeaux de Rigoletto, un rôle de clown triste qu'il connaît parfaitement pour l'avoir interprété d'innombrables fois dans sa carrière, la dernière à l'automne 1996 au Metropolitan de New York. « Plus vaste pour accueillir plus de public, la salle du Met est quand même moins performante que celle de la Bastille », poursuit-il, s'émerveillant de la profondeur de la scène, « assez grande pour faire arriver un cheval au galop ». Respect des chanteurs. Quant à affronter le public parisien, c'est une autre affaire pour le baryton qui garde un souvenir cuisant d'un premier concert donné dans sa jeunesse à la Salle Pleyel où l'un de ses partenaires s'était attiré des huées mémorables. Pour cette première à la Bastille, il se trouve tout de même rasséréné par la mise en scène des plus sages et des plus traditionnelles conçue pourtant par un grand délirant de la scène : Jérôme Savary. Comme impressionné par le prestige de l'opéra, celui-ci s'est astreint au plus grand respect des chanteurs, ne s'autorisant rien qui puisse entraver le chant. Ce qui n'empêche nullement le baryton aguerri d'aborder le rôle de Rigoletto non sans une certaine appréhension. « Ce personnage constamment présent sur scène pendant tout la durée du spectacle, ce bouffon bossu et tragique porteur d'une malédiction et qui voit mourir sa propre fille dans ses bras, c'est difficile à porter, cela vous implique totalement », raconte ce Latin qui ne se sépare jamais de sa fille, laquelle a l'âge de la malheureuse Gilda de l'opéra. Lui qui a chanté avec les plus grands ténors de la planète et qui a enregistré par deux fois Paillasse pour Philips, l'une avec Placido Domingo, l'autre avec Luciano Pavarotti, reconnaît que les ténors ont la part belle sur la scène lyrique. « Beaucoup plus populaires, les jolis coeurs ont aussi une partition plus risquée, on les attend au tournant et gare à celui qui se "plante" sur "La dona e mobile" ! », ajoute-t-il en frémissant. « Enfant du Liceu ». Chantre du grand répertoire italien mais néanmoins fidèle à ses origines espagnoles, Juan Pons a récemment gravé pour Auvidis une remarquable série sur la Zarzuela, ces opéras populaires par excellence de la péninsule ibérique, avec Placido Domingo et Maria Bayo. Et attend avec impatience la réouverture, prévue pour début 1999, du Liceu de Barcelone détruit par un incendie. « Je suis un enfant du Liceu », dit-il, en vouant un culte à la maison qui l'a tiré de son île natale de Minorque où il était choriste. Et l'a propulsé sur les scènes internationales pour un périple mondial sans port d'attache. Noël Tinazzi © Les 3, 5, 8, 11 et 15 juillet à 19 h 30, tél. : 01.44.73.13.00.
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