Les antiviraux en vente en pharmacie l'an prochain

Le secrétaire d'Etat à la Santé, Hervé Gaymard, a annoncé hier que les molécules antivirales utilisées pour le traitement du sida, et notamment les antiprotéases, devraient être disponibles en pharmacie à partir du 1er janvier 1997. Jusque-là, ces traitements n'étaient disponibles que dans les pharmacies hospitalières. Cette décision marque un tournant majeur dans la façon de considérer le traitement de la maladie. Elle met également fin au conflit qui opposait la Direction des hôpitaux et la Direction générale de la santé, chacune défendant son pré carré. En perdant son monopole, la première change le parcours des soins des personnes infectées par le virus VIH, qui s'équilibrera, l'an prochain donc, entre la médecine de ville, les pharmaciens et l'hôpital. En France, 10.000 patients soignés par antiprotéases Les antiprotéases (ritonavir, saquinavir, indinavir) ont provoqué « un formidable espoir », a rappelé Hervé Gaymard en présentant mercredi le troisième rapport du professeur Jean Dormont « sur la prise en charge des personnes atteintes par le VIH ». « Aujourd'hui près de 10.000 patients bénéficient d'un traitement par antiprotéase » en France, a-t-il indiqué. Généralement, les antiprotéases sont prescrites en association avec d'autres antiviraux, dans le cadre de trithérapie. Pour l'achat de ces médicaments auprès des laboratoires américains, une première enveloppe de 150 millions de francs a été dégagée pour les hôpitaux. « Une seconde enveloppe sera mise en place à la fin de l'année », a déclaré le secrétaire d'Etat. « Il est évident que nous allons clairement vers un usage d'un plus grand nombre d'antiviraux en médecine de ville, mais cela demande des délais. Nous avons besoin encore de quelques mois », a ajouté Hervé Gaymard. Il table sur six mois. Le calcul de la charge virale (dans le sang), pratiqué essentiellement à l'hôpital, permet notamment d'apprécier l'efficacité potentielle d'un cocktail thérapeutique (bi ou trithérapie) et au besoin de l'adapter. Cette mesure rencontre quelques difficultés pour être appliquée. Selon le secrétaire d'Etat à la Santé, elle nécessitera de faire basculer environ 1 milliard de francs du budget des hôpitaux vers l'enveloppe de médecine de ville. Dans son rapport, le professeur Jean Dormont se prononce pour une mise à disposition en ville des molécules en tenant compte de l'évolution des thérapeutiques qui ont notamment fait abandonner la monothérapie (une seule molécule, en général l'AZT) au profit de la bithérapie. Il recommande d'utiliser plus précocement une bithérapie, « et pour les malades qui ne vont pas très bien une trithérapie ». Les antiviraux, qui n'ont pas encore d'autorisation de mise sur le marché et qui devraient obtenir leur AMM (autorisation de mise sur le marché) avant la fin de l'année, selon le ministre, sont actuellement délivrés avec une autorisation temporaire d'utilisation (ATU). Le rapport Dormont apporte encore d'autres propositions. Notamment sur les conditions dans lesquelles le résultat du test de dépistage est communiqué (rôle du médecin, qui doit « convaincre son patient de l'intérêt de révéler son statut à ses proches ») et sur l'importance du soutien psychologique, non seulement pour le malade mais aussi pour ses proches et les soignants. J.-P. B. avec AFP
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