Ecoutes de l'Elysée : Schweitzer mis en examen

Louis Schweitzer, PDG de Renault, a été mis en examen dans l'affaire dite « des écoutes de l'Elysée ». Cette mise en examen de l'ancien directeur de cabinet de Fabius à Matignon a été révélée par la Lettre de l'Expansion du 1er janvier. Mais à affaires différentes, traitements distincts. Quand Louis Schweitzer fut mis en examen, le 22 mai 1995, dans l'affaire du sang contaminé, il tint à en informer le personnel de Renault par le biais d'un communiqué. Il souligna que « Laurent Fabius, et ses collaborateurs, dont j'étais le plus proche, se sont efforcés, avec les connaissances qu'ils avaient alors, d'agir au mieux de l'intérêt général ». Cette fois-ci, alors que la mise en examen a été signifiée au PDG de Renault le 9 novembre 1995, au titre d'atteinte à la vie privée, aucune communication ne fut faite sur le sujet. Au siège de Renault du quai du Point-du-Jour, à Boulogne-Billancourt, on explique que la première affaire était autrement plus « délicate » à gérer, en raison de sa « dimension humaine », alors que, dans l'affaire des écoutes, personne ne contesterait que Louis Schweitzer ait seulement eu un « rôle technique ». Confirmé dans ses fonctions lors du conseil des ministres du 19 juillet 1995, le PDG de Renault n'envisage pas de démissionner. Lors de la première mise en examen, pour complicité d'empoisonnement, la direction avait fait valoir que l'affaire n'avait aucun lien avec l'entreprise ; elle insiste cette fois sur le caractère exclusivement « technique » des décisions prises. Entendu par la justice en avril 1995, Louis Schweitzer avait alors assuré qu'il avait refusé que certaines personnes, notamment les journalistes, soient placées sur écoute. Bras de fer entre le juge et le parquet L'affaire avait été révélée le 4 mars 1993 par le quotidien Libération, qui faisait état de comptes rendus informatisés de conversations téléphoniques, réalisés par la cellule de l'Elysée. Elle a connu depuis cette date un certain nombre de développements. Plusieurs centaines de personnalités du monde politique, économique, médiatique et artistique (le journal le Point en a dénombré près de 1.400) ont ainsi été placées sur écoute entre 1983 et 1986. La Commission nationale de contrôle des interceptions de sécurité parlera de « graves dysfonctionnements ». En décembre 1994, le juge d'instruction Jean-Paul Valat met en examen un ancien commissaire de la DST, Pierre-Yves Gilleron, ainsi que quatre collaborateurs de François Mitterrand : Gilles Ménage, l'ancien PDG d'EDF, qui fut son directeur de cabinet à l'Elysée, le préfet Christian Prouteau, ancien chef de la cellule, le général de gendarmerie Jean-Louis Esquivié et le capitaine de gendarmerie Pierre-Yves Guézou, qui se suicida quatre jours plus tard. Un bras de fer juridique oppose toujours actuellement le magistrat instructeur et le parquet à propos de la qualification des faits : simple atteinte à la vie privée, qualification prescriptible au bout de trois ans, ou attentat à la liberté individuelle, frappé de dix ans de prescription. E. M.
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