Tibéri contre-attaque en portant plainte

Par latribune.fr  |   |  630  mots
Sera-ce l'affaire de l'été ? Les socialistes avaient déjà l'intention de se saisir de l'affaire Tibéri pour maintenir la pression sur le gouvernement. Voilà que la majorité se fissure, alors que le milieu judiciaire semble sous le choc du refus de la police judiciaire d'assister le juge Halphen. Hier, le principal concerné, Jean Tibéri, a tenté une contre-attaque. Le maire de Paris a annoncé, dans une déclaration solennelle devant les journalistes, qu'il avait décidé de porter plainte pour « violation du secret de l'instruction », en dénonçant des « manquements aux règles élémentaires du respect des droits du citoyen » et en critiquant les fuites dans la presse. Jean-Louis Debré est intervenu publiquement, pour la première fois depuis le début de l'affaire. Le patron de la Police judiciaire de la préfecture de police de Paris (PJPP), Olivier Foll, « a donné les ordres qui convenaient, il en allait de la crédibilité de la police et de la dignité des fonction-naires », a assuré le ministre de l'Intérieur. Poursuivant sur sa lancée du week-end, le PS a demandé le vote d'une loi « anti-classeurs » en vue de « rompre le lien entre la chancellerie et les parquets ». Le porte-parole des socialistes François Hollande a insisté sur l'« affaire d'Etat » que constitue selon lui le refus de policiers d'accompagner le juge Halphen dans une perquisition au domicile de Jean Tibéri. « Il est extrêmement grave que M. Toubon dise qu'il n'a pas d'opinion sur le fait que la police judiciaire n'a pas obéi au juge d'instruction pour une perquisition, car la police judiciaire est à la disposition de la justice, pas à celle du ministère de l'Intérieur », a fait remarquer François Hollande, qui a demandé une commission d'enquête. Toujours est-il que ce pouvoir ne reçoit pas un soutien franc et massif de sa majorité. Dimanche, le ministre du Budget, Alain Lamassoure (UDF-PR), avait jugé « anormale » l'attitude de la police judiciaire. Hier, c'est Simone Veil qui a déclaré, à propos du classement sans suite de l'affaire concernant le fils de Jean Tibéri, qu'« il aurait été préférable de ne pas prendre une décision aussi rapide et le cas échéant de demander un complément d'information ». Elle a aussi remarqué que l'attitude de la PJ « était quasiment sans précé- dent ». En revanche, l'ancien numéro deux du gouvernement Balladur s'est prononcé pour le maintien du lien entre la chancellerie et le parquet. Dans la tourmente, Jacques Toubon a reçu le soutien de Pierre Mazeaud. « Je ne veux pas que les juges se placent en justiciers », a déclaré le président RPR de la commission des Lois à l'Assemblée, qui s'est dit « scandalisé » par la médiatisation de la perquisition au domicile de Jean Tibéri. La polémique sur le refus de la PJ d'assister le juge Eric Halphen jeudi dernier s'est amplifiée pour gagner les milieux judiciaires et policiers. La Fédération autonome des syndicats de police (FASP, 42 % dans la police en tenue) a estimé que ce refus « ne peut être [...] que la conséquence d'une décision d'ordre politique, prise par une instance gouvernementale ». Le Code de procédure pénale stipule que la PJ dans son ensemble est placée sous l'autorité du procureur de la République et sous la surveillance du procureur général. Les officiers de PJ sont placés, eux, sous le contrôle de la chambre d'accusation, « qui s'impose à eux », mais aussi sous celui de leur hiérarchie et de l'Inspection générale de l'administration. Ils sont donc, selon les spécialistes, « souvent pris entre deux feux : déplaire au juge et pas à leurs chefs, et vice versa ». E. M.