La trithérapie marque des points

Pour la première fois depuis le début de l'épidémie de sida, il y a quinze ans, un premier espoir de traitement efficace se fait jour pour les personnes atteintes du sida, même s'il est encore beaucoup trop tôt pour parler de guérison. L'association de deux et surtout de trois antiviraux semble en effet capable de prolonger la vie des malades. Tel est le résultat de différents essais cliniques. Notamment celui mené par l'américain Merck, dont les détails devraient être révélés dans la semaine et qui a démontré que l'association de son Crixivan avec l'AZT et le 3TC fabriqués par Glaxo Wellcome permettait de faire quasiment disparaître le virus de l'organisme infecté (la charge virale est réduite en dessous des seuils de détection chez 90 % des patients) et que cette amélioration était relativement durable. Un autre essai clinique réalisé par le suisse Roche avec son Invirase associé également à l'AZT et au 3TC concluait à une réduction de 99 % de la charge virale chez une majorité de patients. Crixivan et Invirase appartiennent à une nouvelle classe de médicaments contre le sida : les antiprotéases. Ces médicaments interviennent à un stade tardif dans la réplication du virus dans l'organisme, en bloquant la fabrication de certains enzymes (les protéases) indispensables à la finition des particules virales. Empêcher le virus d'intégrer l'ADN de la cellule infectée D'autres molécules (inhibiteurs de la transcriptase inverse) agissent dès l'infection de la cellule par le virus en l'empêchant d'intégrer l'ADN de la cellule infectée. La complémentarité des deux approches explique le succès rencontré par les associations antiprotéases plus AZT et 3TC qui bloquent donc la réplication du virus à deux niveaux. Même si les scientifiques se veulent encore prudents faute de disposer de suffisamment de recul, ces travaux fournissent en tout cas de précieuses indications pour la mise en oeuvre de nouvelles stratégies thérapeutiques. Ils militent notamment en faveur d'un traitement précoce des patients. « La réduction de la charge virale ne présente, en effet, d'intérêt que si le patient est capable de restaurer son système immunitaire, c'est-à-dire si celui-ci n'a pas encore été trop endommagé par le virus. D'où l'intérêt d'un traitement précoce », explique Brian Gazzard du Chelsea and Westminster Hospital de Londres. Autre enseignement : « Si la charge virale se met à augmenter significativement, il faut interrompre le traitement et passer à une nouvelle association de médicaments complètement différen- te », estime Joseph Lange, professeur à l'université d'Amsterdam. Aujourd'hui, la plupart des patients séropositifs sont traités avec un ou deux médicaments pour essayer de limiter les effets secondaires tout en conservant des solutions de rechange si d'aventure le traitement devient inefficace. Or, il semble à la lumière de ces résultats thérapeutiques qu'il vaille mieux au contraire frapper fort tout de suite avec l'espoir de voir, à terme, le sida se transformer en maladie chronique. Catherine Ducruet
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