Profiter des mesures Juppé... avec discernement

Pour stimuler la consommation en panne, le gouvernement Juppé a annoncé, en fin d'année, une série de mesures encourageant les épargnants à vider leur bas de laine et à emprunter. De bonnes nouvelles, surtout après les coups durs portés à la fiscalité de l'épargne par le budget 1996. Malheureusement, lancés trop tardivement, les avantages ne sont pas encore réellement applicables alors que les mesures ne sont que temporaires. Pour autant, la date d'effet du 1er janvier 1996 a de fortes chances d'être maintenue. Rien n'empêche donc d'en profiter dès à présent. Attention, cependant, leur utilisation n'est pas intéressante dans tous les cas de figure. PEL et équipement C'est le cas notamment de la possibilité de sortie partielle d'un PEL (Plan d'épargne logement) ouvert avant le 30 juin 1993 sans clore le plan. Son rendement net (hors RDS) s'élève à 6 % et atteint même 7,50 % pour ceux ouverts entre le 1er juillet 1985 et le 15 mai 1986. La baisse des taux d'intérêt rend ce produit de plus en plus attrayant. Les taux à dix-huit mois, délai maximum de disponibilité ordinaire d'un PEL ouvert avant le 30 juin 1993, se situent actuellement autour de 5 %. Il serait donc dommage de se priver d'un tel placement tant que les maxima ne sont pas atteints. Ceci, d'autant plus que cette épargne ouvre droit à emprunter à un taux encore concurrentiel (6,32 % hors assurances pour la majorité). PEP Les sorties de PEP (Plan d'épargne populaire) ne sont pas davantage à encourager, sauf, bien entendu, en cas de besoin urgent de liquidités. Des retraits sont encore envisageables lorsqu'il s'agit d'un PEP à taux variable. C'est toute l'épargne qui est rémunérée au taux en vigueur actuellement, c'est-à-dire autour de 5 % à 5,50 %. En revanche, il n'est absolument pas recommandé de ponctionner un PEP à taux fixe, surtout s'il a été ouvert au début de la décennie. L'épargne déposée en 1990, par exemple, continue à rapporter très souvent 8 % ou plus. Il est encore davantage déconseillé de sortir d'un PEP ouvert avant le 22 septembre 1993 par une personne non imposable. La prime d'Etat venant s'ajouter à la rémunération du promoteur procure un rendement sans équivalent. Dans tous les cas de figure, il ne faut pas oublier aussi que le PEP est l'un des deux seuls supports qui permettent d'accéder à une rente viagère défiscalisée. Epargne salariale Le retrait des fonds des réserves de participation et des PEE (Plan d'épargne d'entreprise) ne représente pas, non plus, une bonne opération pour ceux qui destinent ces capitaux à l'épargne. Il est difficile de trouver meilleur produit compte tenu des nombreux avantages (pas de charge, pas d'impôt, abondement éventuel ...). Les précédentes possibilités de déblocage anticipée de l'épargne salariale a d'ailleurs démontré que les personnes profitant de l'aubaine étaient en grande partie celles retirant habituellement leurs fonds dès qu'ils deviennent disponibles, soit environ 10 % de la masse. Sicav monétaires Il en va tout autrement pour les porteurs de Sicav obligataires et monétaires qui capitalisent leurs revenus. L'Etat leur fait un cadeau (temporaire) en or, leur permet- tant de vendre leurs titres sans imposition sur les plus-values (devenues fiscalisables dès le premier franc). Mais surtout, fait excep- tionnel, la défiscalisation peut s'opérer sans limitation de montant si les capitaux sont réinvestis dans l'acquisition d'un logement. Qui plus est, ce logement peut être aussi bien une habitation principale qu'une résidence secondaire ou un logement locatif. Certes, l'autre possibilité de non-imposition est plafonnée à 100.000 francs, mais la panoplie des dépenses pouvant être financée par le biais des ventes de Sicav est suffisamment large pour attirer l'attention d'un grand nombre de porteurs. Certains regretteront même vraisemblablement d'avoir converti, pour des raisons fiscales, leurs Sicav de capitalisation en Sicav de distribu- tion (quelque 65 milliards de francs en décembre). Ils se sont privés, sans le savoir, du bénéfice de la mesure. PEL et immobilier L'assouplissement des règles régissant le PEL mérite aussi beaucoup d'attention. De nouveaux horizons s'ouvrent, provisoirement, pour les détenteurs de ces plans : possibilité d'emprunter 20 % de plus sous forme soit de capitaux soit de durée ; possibilité d'emprunter pour une résidence secondaire ancienne ; possibilité de contracter plusieurs prêts avec le même plan ; délai prolongé de un à deux ans pour faire jouer les droits à prêt. Prêt à taux 0 % Les nouvelles dispositions du prêt « gratuit » constituent, de leur côté, un sérieux coup de pouce aux logements anciens, prati- quement exclus jusqu'à présent du dispositif. C'est une bonne nouvelle pour les candidats à l'acqui- sition les plus modestes et pour lesquels les prix du neuf sont inaccessibles. P. R.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.