La santé, valeur sûre du développement en région

Au coeur du débat sur la maîtrise des dépenses publiques, la santé n'en demeure pas moins l'un des derniers secteurs d'activités porteur de croissance. Au point qu'il n'est guère aujourd'hui de responsables du développement local qui ne mettent en avant leur « pôle santé » pour, affirment-ils, « présenter une taille pertinente et compter à l'échelle européenne dans la compétition économique ». C'est la région Centre qui valorise l'un de ses quatre « pôles et technopoles » autour des « sciences et techniques du vivant » - un pôle constitué fédérateur de quelque 1.500 chercheurs et de 40 % de la production nationale de l'industrie pharmaceutique. C'est encore la Haute- et la Basse-Normandie qui rivalisent de projets pour développer sur leur territoire « des projets structurants visant à renforcer le réseau de compétences depuis la recherche fondamentale jusqu'à l'innovation industrielle... » Valeur sûre. Peu de collectivités territoriales échappent à cet engouement pour le domaine de la santé, dans son acception la plus large. A l'heure où l'ensemble des grandes filières industrielles conduisent de profondes restructurations, synonymes de suppressions d'emplois en régions, le secteur de la santé - bien qu'en moindre croissance - constitue encore une valeur sûre. De la chimie fine à la production de médicaments, de centres de recherche à la création de centres universitaires, de plates-formes logistiques aux pôles médicaux... la filière est porteuse d'investissements lourds, de créations d'emplois de haut niveau et de forte valeur ajoutée. Ainsi du pôle alsacien. Bien qu'un peu lentes au démarrage, les collectivités locales alsaciennes ont compris depuis une bonne dizaine d'années tout l'intérêt de soutenir le pôle des « sciences de la vie ». Au-delà des clivages politiques, elles ont su mener un partenariat efficace. Pour preuve : le soutien exceptionnel (10 millions de francs d'avances remboursables) accordé à Transgène pour sa nouvelle unité de production de lots pharmaceutiques pour essais cliniques. Ou les 323 millions de francs du pôle API (qui héberge notamment l'Ecole nationale supérieure des biotechnologies de Strasbourg) supportés intégralement par la région (maître d'ouvrage), la communauté urbaine de Strasbourg (CUS) et le département. « C'était la première fois en France que des collectivités locales se substituaient à l'Etat à ce niveau d'investissement », souligne Françoise Elkouby, chargée de mission à la CUS. Secteur « stratégique ». La Haute-Normandie, elle, découvre l'intérêt stratégique du secteur des biotechnologies pour la mise au point de nouveaux médicaments. Le conseil régional de Haute-Normandie travaille avec le conseil général de l'Eure à l'élaboration d'un très gros projet de zone d'activité spécialisée dans la chimie fine et les biotechnologies, sur la zone de « Criquebeuf », près de l'autoroute A13. En aval de la filière, la création d'un « Pharma Parc » répond au souci de disposer à proximité des unités de l'industrie pharmaceutique de fournisseurs en conditionnement. Un objectif qui découle de la volonté de la région de muscler son « pôle d'excellence » chimie-biologie-santé en élargissant sa base industrielle dans un secteur jugé « stratégique ». Pharma Parc a aussi été porté par deux industriels de l'Eure - Valois et Glaxo - et par les communes d'accueil qui se sont, pour l'occasion, constituées en syndicat intercommunal à vocation unique (Sivu). Cinq entreprises sont prêtes à s'installer sur ce site dès l'été 1996 et huit autres ont manifesté l'intention de le faire, assure l'Agence régionale de développement. « Projets à risques ». En Aquitaine, qui a pourtant souffert des mouvements de concentration de l'industrie pharmaceutique, le secteur de la santé y est toujours considéré comme « stratégique ». Et les responsables de la région s'efforcent de créer un environnement favorable. Ainsi, créé en 1987, le pôle de génie biologique et médical (GBM) axé sur les biomatériaux, la suppléance fonctionnelle, l'ingénierie des biomolécules et la biotechnologie analytique, a-t-il vu le jour grâce à la volonté affichée du conseil régional. But : réaliser des études de faisabilité pour « des projets à risques », comme le souligne Dominique Ducassou, ancien président de Bordeaux-II et conseiller régional délégué à la recherche, à l'enseignement supérieur et au transfert de technologie. Ces études, financées à 50 % par des industriels et à 50 % conjointement par l'Etat et la région dans le cadre du contrat de plan, ont débouché à 40 % sur des prises de brevet ou des industrialisations. Les biopatches d'OVI, la mallette dentaire de Satelec et un système de monitoring cardiaque de l'Aerospatiale notamment, ont été mis au point dans ces conditions. Le pôle médicament a été lancé sur ce modèle en 1990. Il intervient dans les secteurs des neurosciences, des maladies infectieuses et cardiovasculaires. « Logique de filière ». Autant d'acteurs que la région souhaite voir englobés dans un grand pôle de santé dès la fin de cette année. Outre ces entités, il devrait regrouper Bordeaux Santé Aquitaine, Biomat, Biotechnica, l'Institut de maintenance biomédicale de Bordeaux, le CHU et l'Ipib. « Ces structures sont déjà complémentaires et habituées à travailler ensemble, mais pourront ainsi s'inscrire dans une véritable logique de filière », commente Dominique Ducassou. Les services de l'Etat seront associés à cette démarche. Changement de méthode, il n'y aura plus de subvention mais des contrats d'objectif passés avec les différents partenaires et tout sera fait à partir de la demande des industriels et non plus de l'offre technologique. Une démarche que pourraient adopter nombre de collectivités pour favoriser le développement de leur filière santé. Avec nos correspondants
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