Le nouveau printemps de la 125

Le monde de la moto peut être satisfait du décret publié vendredi dernier au JO, qui met en conformité les textes français avec les règlements européens. Les modalités mêmes de l'examen du permis moto instituées il y a un an ne varient pas mais le mode d'accès au pilotage est revu. La réglementation 96 institue essentiellement un accès progressif à la conduite de machines de plus en plus puissantes et un retour à l'équivalence entre le permis auto et la conduite de motos légères, supprimée en mars 1980. On s'attend bien sûr chez les constructeurs à profiter d'une nouvelle dynamique sur le segment des 125 cm3, dont les ventes ont connu un véritable effondrement depuis quinze ans : 75.268 unités vendues en 1980, 37.120 en 1981 et 18.044 en 1995 ! Chez Peugeot Motocycle, très présent sur le marché du scooter, on mise prudemment sur une tendance haussière de l'ordre de 10 % : on assistera vraisemblablement au transfert de la clientèle actuelle des 80 cm3 vers les 125 cm3, plutôt qu'à l'explosion d'une nouvelle clientèle. Sur le créneau motos, la progression sera sans doute plus forte, même si pour l'heure les importateurs n'ont pas fait d'efforts particuliers sur leur gamme pour l'adapter aux nouvelles conditions du marché. Pourtant, l'effet se fait déjà sentir dans les concessions. « Depuis deux ou trois mois, nous enregistrons une progression de 25 à 30 % du marché de la 125, explique Bruno Chemin de Honda France, nous sommes actuellement en pénurie de motos. En juin, nous avons reçu 2.000 commandes, alors que nous ne pouvions livrer que 800 motos ! Curieusement, la plupart des clients ne sont pas concernés par les nouveaux textes, ce sont des 35-40 ans qui auraient pu acquérir depuis longtemps une 125, puisque leur permis de conduire les y autorisait. Mais le fait d'entendre parler du changement de réglementation a servi de déclencheur. » Même chez les constructeurs absents du créneau des petites cylindrées, on s'attend à profiter des effets du décret Pons. « Une nouvelle génération de motards pourra commencer très tôt son apprentissage sur des machines à vitesses qui sont la base de la pratique motocycliste », note Jéraud du Chassin, directeur commercial de Triumph France. Le seul vrai point de discussion sur cette réforme porte sur l'éventuel risque à mettre un novice sur la route sans formation. Les spécialistes de la sécurité routière affirment que non. Ce sont les associations de motards qui s'inquiètent. Et suggèrent des stages d'initiation à la conduite et de sensibilisation aux dangers de la route. Quant aux professionnels, ils ont signé, sous l'égide de la Chambre syndicale des importateurs d'automobiles et de motocycles, un texte tout en vertu, où ils s'engagent à « adapter leur politique de communication et leurs actions publicitaires aux impératifs de la sécurité routière ». CHRISTIAN DAVID
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