Ces vêtements intelligents qui améliorent les performances

L'habit ne fait pas le moine. Et encore si l'on en croit les publicités auxquelles participe Carl Lewis... Si l'on en croit les travaux de recherche menés depuis deux ans par Du Pont avec le Laboratoire ETH de biomécanique de Zurich et Adidas, les vêtements fabriqués à partir des fibres synthétiques Coolmax et Lycra Power permettent d'améliorer la performance des sportifs qu'ils habillent. Le résultat est obtenu par deux types d'actions : l'une sur la transpiration par une thermorégulation du corps, et l'autre sur l'oscillation du muscle par la compression, explique Pierre Duffar, le responsable du marketing Europe des applications sportives de Lycra Power. Les jeux Olympiques d'Atlanta présentaient une arène idéale pour tester ces fibres compte tenu des températures particulièrement chaudes (34 °C) et humides (90 % d'humidité relative) de la région en été, poursuit-il. Ainsi, plus de trente-trois fédérations équipées par Adidas dans les disciplines de l'athlétisme, la lutte, l'haltérophilie, l'aviron et du canoë, vont étrenner ces fibres cette année. Pour la première fois, Coolmax, un copolymère de polyester doté de quatre canaux dont la surface est de 20 % supérieure à celle d'une fibre classique afin d'évacuer et de transporter plus rapidement l'humidité, va être associé au Lycra. Ce tissu aura pour rôle de contrôler la température du corps. En effet, quand la température du corps du sportif augmente, celui-ci dépense de l'énergie pour se refroidir et autant de moins pour sa performance musculaire, d'où l'idée de confier aux fibres le rôle de circuit de refroidissement. Dans le cas du Coolmax, « le tissu transfère la transpiration à la surface du tissu où elle s'évapore, un séchage qui dure quatre à cinq minutes puis s'arrête », explique David Bayliss, directeur marketing du produit chez Du Pont France. Il élève la température musculaire tout en rafraîchissant le corps, ce qui permet d'éliminer la chaleur excessive. Un sérieux atout par rapport au coton. Ce dernier met non seulement plus longtemps à sécher (de l'ordre de vingt minutes), mais sa fibre gonfle aussi en absorbant la transpiration, d'où un blocage de la ventilation du tissu, et s'alourdit. 12 % de force en plus. Parallèlement, en partenariat avec le centre pour la médecine sportive de l'université de Pennsylvanie, Du Pont a mené des recherches sur la réduction de la fatigue musculaire, durant cinq ans auprès de cent cinquante athlètes. En comprimant le muscle dans un tissu à base de Lycra Power, on peut limiter l'oscillation musculaire - un mouvement involontaire du muscle - et par là même sa fatigue potentielle, donc sa performance. Ces conclusions peuvent avoir des implications favorables en termes de performance pour des sports qui demandent des efforts puissants mais intermittents, comme le football ou le volley-ball. Les résultats étaient encore plus significatifs pour les patients non entraînés, d'où des applications potentiellement intéressantes pour les amateurs. Lycra Power permet également d'améliorer leur « proprioception » ou prise de conscience de leur corps, ce qui augmente la précision et l'efficacité de leurs mouvements. D'après les tests menés outre- Atlantique, la force et la production des athlètes ainsi vêtus ont augmenté de 12 %. La combinaison des deux technologies vise à augmenter la température du muscle et à maintenir le corps à une température constante pendant l'exercice. En augmentant la température de la peau d'un degré avec un vêtement à base de Coolmax et de Lycra Power, on gagne 3 % d'énergie mécanique, alors que les vêtements standards contenant du Nylon et du Lycra aboutissent à une diminution de la température de la peau de 0,7 degré et à une perte non chiffrée d'énergie mécanique, explique le géant américain. « Jusqu'à présent, nous sommes seuls sur ce créneau et nous espérons le rester le plus longtemps possible », affirme Pierre Duffar. Le géant des fibres chimiques a monté un programme d'accords de licences qui lui permettra de contrôler la fabrication des tissus et des vêtements. Du Pont a noué d'ores et déjà des contacts avec des marques telles que Reebok « plus à même de passer le message et d'être en mesure de contrôler la fabrication de manière judicieuse pour permettre d'exploiter le mieux possible ces technologies ». Des technologies applicables à de nombreux sports, y compris le tennis, le rugby ou le football sans compter des vêtements de tous les jours comme les sous-vêtements ou les chaussettes, où l'on a besoin d'éliminer la transpiration. Florence Bauchard
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