Pays de la Loire : le turisme fluvial charme les étrangers

Le tourisme fluvial est un peu victime de son image. Il est considéré comme une forme de loisir haut de gamme, qui nécessite un budget important. » Cathy Rochepeau, chargée de la promotion des activités touristiques sur les rivières du Maine et de l'Anjou, ne cache pas une certaine inquiétude en ce début de haute saison : « Nous relevons, comme l'an dernier, une légère baisse des réservations, et le tassement constaté ces deux dernières années semble se confirmer. » Est-ce à dire que le tourisme fluvial, considéré comme l'une des diversifications les plus prometteuses du tourisme en milieu naturel, a déjà atteint son seuil de saturation ? Certes non. Mais la multiplication des entreprises de location de bateaux au début des années quatre-vingt-dix a fait progresser l'offre plus vite que la demande, et l'euphorie des belles années commence à retomber (*). L'heure est maintenant à la rationalisation des équipements, au regroupement des loueurs indépendants et au travail sur la qualité, qui a parfois fait défaut dans certaines bases. « Le temps de l'artisanat est révolu ». Installé à quelques kilomètres d'Angers, au confluent de deux rivières, l'Oudon et la Mayenne, Jean-Michel Grelet est l'un de ces loueurs indépendants qui ont exploité une base pendant plusieurs années avant d'être absorbés par un groupe plus important. Il gère désormais la base de Crez-Neuville pour le compte de France-Anjou-Navigation, une société qui exploite plusieurs bases dans la région Pays de la Loire. « Le temps de l'artisanat est révolu, explique-t-il. Nous travaillons désormais avec des tour-opérateurs qui commercialisent des bateaux sur l'ensemble de l'Europe. » La principale difficulté des loueurs est en effet de faire tourner au maximum les équipements pour rentabiliser des bateaux plus sophistiqués et de plus en plus chers à l'achat. Sa spécialité : les « houseboats » aux allures de yachts, qui assurent aux passagers un confort irréprochable. Les Allemands, qui représentent près de la moitié de la clientèle étrangère dans la région, sont particulièrement friands de ce genre d'embarcations, aux généreuses surfaces vitrées, qui donnent à leurs vacances un parfum de croisière. Pour Jean-Michel Grelet, la saison ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices, les étrangers se font plus rares cette année et les Français tardent à adopter cette nouvelle forme de tourisme : « Nombre d'entre eux croient qu'il faut un permis pour piloter les bateaux, alors que l'on s'initie à la manoeuvre en une demi-heure, et pensent que c'est cher, alors qu'en pleine saison il faut compter environ 200 francs par jour et par personne, gîte compris. » L'ambiance est beaucoup moins morose, à quelques kilomètres de là, sur la base de Chenillé-Changé, en bordure de Mayenne. René Bouin, héritier d'une vieille famille de meuniers, affiche complet pour l'été. Ses quarante-deux bateaux, pour la plupart des « pénichettes » aux lignes traditionnelles, sont quasiment toutes réservées par une clientèle étrangère qu'il a su fidéliser. Cet authentique artisan a tablé sur la qualité et la multiplicité des services offerts à ses clients. La base, composée autour d'un moulin à eau du XVe siècle, est un ensemble architectural habilement restauré qui répond à tous les menus besoins des plaisanciers, de la bouteille de shampooing en vente à l'accueil au repas gastronomique assuré par « la table du meunier », le restaurant de la base, en passant par la location de bicyclettes à embarquer sur des péniches. Cette politique semble porter ses fruits puisque la clientèle étrangère pèse 65 à 70 % à Chenillé-Changé, contre 40 % en moyenne sur l'ensemble des Pays de la Loire. Vacances en famille à 10 km/h. Dans tous les cas de figure, ce sont essentiellement des familles qui adoptent le tourisme fluvial en été. La plupart du temps pour une semaine, qui court du samedi au samedi. Quel que soit le type des bateaux, qui peuvent accueillir de deux à douze personnes, il n'est pas utile d'avoir déjà navigué pour assurer la manoeuvre. Ce sont d'ailleurs, la plupart du temps, les adolescents qui se ollent à la barre d'une embarcation, dont la vitesse est limitée à 10 km/h. De nombreuses haltes sont possibles sur les rivières dont les parcours sont spécialement aménagés. Les candidats au voyage disposent d'une carte détaillée des voies d'eau et des sites à découvrir dans les alentours. Certaines rivières comme la Mayenne sont prisées pour la qualité du site naturel, d'autres, comme la Sarthe, pour la richesse du patrimoine environnant. Mais ce qui prime avant tout, c'est le calme et le changement de rythme garanti par ce mode de transport. « Les seules fois où l'on voit les gens revenir avec la grimace, c'est quand le temps n'est pas de la partie », commente Cathy Rochepeau. Une précaution oratoire utile, en ce début d'été, dans l'ouest de la France. Philippe Dossal, à Angers (*) Avec 8.500 kilomètres de voies navigables, la France possède le premier réseau d'Europe. Quelque huit millions de personnes, dont 60 % de touristes étrangers, embarquent chaque année sur un « bateau promenade » ou un « houseboat ».
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