Pendant les vacances, le travail continue

Le temps ! Problème de tous les instants pour le chef d'entreprise, pris dans le tourbillon de son activité. Enclins à vouloir tout faire, les patrons de PME sont particulièrement concernés, surtout au moment des grandes vacances. Dilemme. Rester ? Partir ? Portable ou pas ? Combien de patrons traversent-ils un mois de juillet d'enfer à s'inquiéter à l'avance du mois d'août à passer ? Savoir prendre des vacances, réaliser des « arrêts d'agir », produire des virgules du temps, propices à la réflexion stratégique, est pourtant, d'après les sociologues de l'entreprise, une nécessité. « Le problème majeur de bien des dirigeants, ce n'est pas toujours de prendre des décisions mais d'accepter de faire des deuils », souligne l'un d'entre eux. Et quand arrivent les vacances, s'absenter ou transmettre un peu de son pouvoir à l'un de ses collaborateurs apparaît souvent comme un déchirement. Aussi, nombre de chefs d'entreprise, persuadés qu'ils sont irremplaçables, préfèrent-ils ne pas prendre de congés. A partir de cet extrême, les comportements évoluent. De celui qui téléphone tous les jours à son assistante, à celui qui délègue tous ses pouvoirs, en passant par celui qui a anticipé les problèmes et négocié les priorités, bien décidé à ne pas se laisser envahir sur la plage par des considérations administratives, la palette est complète. « La plus belle des victoires d'un manager est celle qui lui permet de déléguer de véritables responsabilités », souligne Robert Papin, professeur à HEC. Reste à savoir jusqu'où, avec quelles procédures de contrôle. Couper le cordon ? Rester en alerte ? Les patrons de PME à l'aube des vacances s'interrogent. Pendant trois semaines, Michel Vassal, à la tête de AAMV, une PME spécialisée dans les équipements automobiles, reste à portée d'avion. Généralement, il appelle tous les jours son entreprise, mais il met à profit « cette période pour faire une coupure, prendre du recul et des bonnes résolutions ». Alors que durant les premières années de son activité, il continuait à prospecter de nouveaux marchés pendant ses vacances... Pour sa part, André Barreteau, PDG de SA Monts Fournil, une P vendéenne spécialisée dans la boulangerie-pâtisserie industrielle, a inscrit dans la culture de l'entreprise les principes du management participatif et ne jure que par la délégation de tout ou partie des responsabilités en l'absence de l'encadrement. Conjuguer le souhait des salariés et la bonne marche de l'entreprise, au moment d'établir le calendrier des vacances, voilà l'équation à multiples paramètres que, chaque année, directeurs des ressources humaines ou dirigeants d'entreprise sont obligés de résoudre. Il y a encore quelques décennies, la plupart des entreprises fermaient en août. C'est encore vrai dans certains secteurs d'activité, où les PME, surtout si elles sont au milieu de la chaîne, sont obligées de s'aligner sur leurs fournisseurs et leurs clients. France Cartes, numéro un des cartes à jouer, applique cette règle, sans que cela affecte la bonne marche de l'activité. C'est un usage dans la profession. Seule une permanence est assurée au service commercial et au service expédition. « Il ne sert à rien de rester ouvert puisque mes fournisseurs eux sont aux abonnés absents. Nous ne serions pas en mesure d'assurer 100 % de nos services. Autant fermer plutôt que de risquer de ne pas être en mesure d'apporter un service complet et de qualité », confie un patron d'une PME du textile, secteur où l'indice d'activité passe de 102,2 au mois de juin à 87,1 au mois de juillet et à 37,5 au mois d'août. C'est l'indice le plus bas du mois d'août avec l'industrie automobile (48,9), la moyenne se situant autour de 71. Dans le bâtiment, de nombreuses PME ferment pendant trois semaines. Sauf celles qui font de la maintenance ou trouvent un marché saisonnier. Pour un patron, un chantier qui tombe pendant les vacances, cela ne se refuse pas. Mais il ne sera pas forcément facile de convaincre les ouvriers de prendre leurs vacances à un autre moment de l'année. Comme le souligne Annie Roussey, secrétaire générale de l'Arseg (Association des responsables des services généraux), « la tendance des entreprises est à la non-fermeture. On s'arrête de moins en moins. Beaucoup de sociétés utilisent le moment des vacances pour faire ce qu'elles n'ont pas le temps de faire pendant l'année. C'est une période tranquille et il y a moins d'utilisateurs. C'est idéal par exemple pour réaliser des travaux ou organiser un transfert ». Ouverte ou fermée, le problème de la sécurité de l'entreprise, pendant cette période intermédiaire, revient sur le devant de la scène avec une acuité particulière. Toutes les cinq minutes, une entreprise est victime d'un dommage. Yan de Kerorguen et Estelle Leroy
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