Dijon court après son industrie pharmaceutique

Dans le domaine de l'industrie pharmaceutique, Dijon et sa région possèdent des cartes maîtresses. L'agglomération accueille non seulement le centre de recherche et les usines des laboratoires Fournier, mais aussi les laboratoires Monot, qui emploient 300 personnes, Sterling Midy et Synthelabo qui disposent ici de centres de production. « Nous avons tout », résume Sylvette Huichard, directrice du mastère spécialisé dans le management des industries pharmaceutiques de l'école de commerce de Dijon. Pourtant, les actions communes sont rares et, admet Roger Musart, de la délégation régionale à la recherche et à la technologie, « il n'existe pas de véritable filière. Nous pourrions faire mieux ! » Les restructurations à répétition du secteur, la domination de Fournier, et la relative « marginalité de Monot, qui, explique son PDG, Marcel Elias, fabrique des produits vendus par les pharmaciens et ne partage donc pas les soucis de remboursements de Sécurité sociale des autres laboratoires », expliquent sans doute cette situation. Plus encore, l'inadéquation entre l'offre de recherche publique et la demande privée, émanant essentiellement des laboratoires Fournier, pèse sur ce secteur. « Une dynamique locale serait la bienvenue, et nous avons une réelle motivation, note François Bellamy, directeur de la recherche pré-clinique chez Fournier, mais il est vrai que nos domaines de travaux ne correspondent pas à ceux développés par l'université. » C'est le cas de la thérapie des cancers, thème majeur de la faculté de médecine, mais peu prisé par l'industriel. Pourtant, depuis quelques années, les volontés se font jour. En matière de coopération entre l'université et Fournier, les efforts se multiplient. « Les relations ne sont pas très fortes, explique Roger Musart. Nous tentons depuis deux trois ans de trouver un sujet majeur pour en faire un thème de travail élaboré et structuré. » Dernier essai en date : « la glycobiologie », la troisième génération des recherches sur la biologie. Inscrit au dernier contrat de plan, ce domaine a reçu l'assentiment de tous, Fournier en tête. Mais en février dernier, le projet a été abandonné, malgré les 4 millions de francs promis par l'Etat et les collectivités, et les 4 millions de l'industriel. « Nous avions prévu de fonder une unité mixte, mais pour que l'opération réussisse, il fallait un poste de professeur et des locaux, explique François Bellamy, cela ne s'est pas fait, c'est très dommage. » Les appels d'offres lancés en France n'ont pas trouvé preneur. Sans doute la proposition n'était-elle pas « assez alléchante », puisque l'université n'a pu créer un poste de professeur. Plus fondamentalement, il paraît périlleux de bâtir une équipe en partant de zéro. D'autant qu'à l'époque, la faculté de pharmacie procédait à des regroupements de chercheurs. Aujourd'hui, les collectivités, l'Etat et Fournier misent sur « une plate-forme régionale dans le cardiovasculaire » qui, cette fois, s'appuierait sur des équipes préexistantes. La cristallisation de toutes les énergies ne serait pas chose nouvelle. En 1988 déjà, la CCI, Fournier et l'université ont, ensemble, mis au point un mastère en management de l'industrie pharmaceutique. Une formation reconnue par tous aujourd'hui. Magali Mauger, à Dijon
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