« 1996 : un bon cru pour les convertibles »

« La Tribune ». - Avec un gain de 11,5 %, votre Sicav Cyril Convertibles a survolé sa spécialité l'an passé. Comment l'expliquez-vous ? Didier Genet. - Par un bon dosage du risque. Il existe en effet plusieurs sortes d'obligations convertibles. J'en citerai trois : les convertibles de type actions, de type obligations, de type mixtes. A cela, il convient d'ajouter des convertibles que je nommerai à « hauts rendements » afin d'éviter le terme junks bonds qui donne un caractère inutilement sulfureux à des titres offrant un réel intérêt pour qui sait les manipuler avec précaution. Le suivi quotidien de ces quatre groupes est complexe. Outre une double compétence (actions, taux) du gérant, il faut de la méthode. Comprenez, un bon dosage entre les groupes selon le contexte du moment. C'est ce dosage qui donne la coloration à la Sicav. L'an passé, baisse des taux oblige, nous avons surtout privilégié les convertibles de type obligations (35 %). Logique. La différence s'est faite sur notre capacité à passer les ordres au meilleur moment sur un marché étroit. Poursuivrez-vous cette stratégie en 1996 ? Nous sommes en déflation et les taux longs devraient donc encore baisser jusqu'à 6,5 % sur le dix ans et peut-être même plus. Les convertibles de type obligataire constitueront encore le poste le plus important du portefeuille, au moins durant le premier semes- tre. Mais en parallèle, nous allons progres- sivement augmenter la part des convertibles actions (15 %), avec prudence, toutefois, car la baisse des taux l'an passé n'a presque pas pro- fité au marché des actions. L'explication est simple. En période de déflation, il est toujours difficile de savoir si une baisse des taux peut suffir à impacter positivement les marges des entreprises. Le rattrapage devrait se produire en cours d'année mais rien n'est sûr. Et les convertibles à haut rendement ? Le terme effraie à tort. Tout dépend, en effet, du potentiel de remboursement de l'émetteur. Prenez la convertible Banque Colbert. Elle faisait peur l'an passé. Or le Crédit Lyon- nais a remboursé rubis sur l'ongle nous permettant d'engranger au passage une belle plus-value. Idem pour Immobilière Phénix. La Générale des Eaux l'a convertie par anticipation. Même chose pour la convertible UIC, victime, elle aussi, de la débâcle immobilière. Mais derrière, c'est le GAN et donc l'Etat. Dernier exemple : Euro Disney, sur qui planaient les pires doutes depuis 1993. Or tout le monde a remis au pot pour sortir la société de l'ornière sauf les propriétaires de convertibles ! Mais attention. Tout n'est pas bon à prendre. J'évite, par exemple, des titres comme Sofco, La Rochette et Dynaction. En réalité, le vrai drame de ce groupe, c'est que les bonnes opportunités se font rares... Quid des convertibles internationales ? Pas sûres, car dans une gestion d'obligations convertibles, on essaie surtout de minorer le risque. Or avec le passage à l'international, on ajoute un risque supplémentaire, celui du change, aux deux déjà exis- tants (taux, actions). Certes, on peut couvrir ce risque mais c'est cher et pas toujours possible. Comme pour moi, l'es- sentiel consiste à obtenir le meilleur couple rendement-risque, nous n'y recourons qu'à dose homéopathique. Ne som- mes nous pas, après tout, l'un des grands d'Europe, avec l'Angleterre, dans le domaine des convertibles ? Pensez-vous rééditer votre succès de l'an passé ? Nous ferons pratiquement aussi bien qu'en 1995, c'est-à-dire aux environs de 10 % avec, en plus, un différentiel avec les produits sans risque plus fort... Propos recueillis par Bogdan Kowal
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