Lyon multiplie les passerelles

Huit ans après, BioMérieux ne regrette rien. En 1988, le fabricant de matériels de diagnostic in vitro (1.300 personnes, plus de 2 milliards de francs de chiffre d'affaires), saisit en effet l'opportunité de la décentralisation à Lyon, un an auparavant, de l'Ecole normale supérieure (ENS) sur le site de Gerland, pour y implanter un laboratoire mixte CNRS-BioMérieux. Une quarantaine de personnes, dont 20 chercheurs, y mènent, sur 1.000 mètres carrés, des recherches pour améliorer les tests diagnostics dans le domaine des maladies infectieuses et auto-immunes. « Cela nous permet de baigner dans un contexte scientifique de haut niveau, avec des contacts avec la recherche internationale, et d'utiliser le matériel de l'école », indique Bernard Mandrand, directeur de cette unité de recherche. Coup de fouet. Ces liens viennent d'ailleurs de prendre une tournure encore plus concrète avec la création au sein de l'école d'un nouveau laboratoire de manipulation de virus HIV sous l'égide de l'unité de virologie Inserm, présente à l'ENS. Représentant 4,5 millions de francs d'investissement, ce laboratoire a été financé aux deux tiers par l'ENS et pour un tiers par BioMérieux, qui va utiliser un tiers de ses postes. « Il est très profitable pour nous de le faire avec BioMérieux qui nous apporte toute sa culture d'entreprise », se félicite le directeur de l'école, Jean Giraud. D'une manière moins engagée, la présence de l'ENS (440 personnes dans ses laboratoires, dont un tiers est consacré à la biologie) a indubitablement fertilisé l'environnement lyonnais des industries de la santé, dont nombre d'entre elles sont implantées sur Gerland, donnant coup de fouet et moyens techniques à leurs recherches. « Accueillir un industriel signifie une structure lourde et pérenne. L'occasion ne se présentera sans doute plus ; nous sommes plus partisans d'une logique de projets, avec des financements communs ENS-entreprise », précise Jean Giraud. Pasteur Mérieux Sérum et Vaccins, Rhône-Poulenc-Rorer, Lipha ont ainsi contractualisé avec les labos de l'école ces trois dernières années. Des recherches sur le virus de la rougeole, menées en partenariat entre l'ENS et l'Institut Pasteur ont notamment débouché en 1995 sur d'importants résultats. Un projet d'extension de l'animalerie de l'école intéresse aussi, entre autres, l'Institut Pasteur. L'implantation de l'université Lyon I sur le site de Gerland à la rentrée 1998, qui proposera un enseignement en sciences de la vie et de la santé, fait également l'objet de rapprochement avec le monde industriel. « Contrairement à la logique universitaire classique, consistant à offrir ses compétences aux industriels, nous allons d'abord leur demander quels sont leurs besoins », affirme Robert Garonne, chargé du projet, et qui souhaite fermement offrir aux entreprises des « antennes » au sein même de l'établissement. Trouver la bonne recette. Travaillant de concert avec les responsables de l'ENS, « afin de définir les opportunités de thématiques », Robert Garonne, tout comme Jean Terré, président de l'association des entreprises du technopole Gerland, sait aussi que « le fait de juxtaposer des établissements sur un même site ne suffit pas ». Et qu'il convient d'y ajouter les ingrédients d'une bonne mayonnaise : animation du pôle, via des séminaires et des colloques et des visites d'entreprises et de laboratoires. Car, « quand une entreprise visite un labo et inversement, les rapports changent alors complètement. C'est une chance fantastique qu'il faut entretenir ». Laurence Jaillard et Renaud Lavergne, à Lyon
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