Route automatique : le transport individuel collectivisé

On connaissait le « cruiser », ce petit bouton généralement placé sur le tableau de bord ou le volant des voitures américaines, et qui permet de maintenir le véhicule à une vitesse constante, 80 ou 90 km/h par exemple. Une simple pression sur la pédale d'accélération permet de débrayer et de repasser en manuel. Avec la route automatique, on espère aller plus loin. Non seulement la voiture demeurerait à la même vitesse, mais il n'y aurait pas à ce préoccuper des autres véhicules, dans la mesure où tous circuleraient au même rythme ! Mieux, après avoir indiqué à son pilote automatique la sortie choisie, le conducteur pourrait faire une petite sieste, relire des dossiers, regarder un programme de télévision... A l'inverse, c'est sur la rampe d'accès à la route automatique que la voiture devra atteindre sa vitesse de croisière, afin de se caler sur le flux de circulation. C'est encore sur cette rampe d'accès que des balises collectent des informations sur le véhicule afin de vérifier s'il est en mesure de suivre le mouvement. De multiples capteurs sur la voiture permettront de connaître l'état de la réserve, l'état mécanique général. Du rêve à la réalité. Rêve futuriste d'une imagination débridée ? Pas tout à fait, car un certain nombre de technologies existent déjà ou sont en cours de mise au point, qui permettront prochainement d'assurer certaines fonctions de la route automatique. C'est le cas par exemple des systèmes anticollisions qui, en fonction de la vitesse du véhicule, de l'état de la chaussée, de la distance avec les mobiles environnants, est capable de lancer une alarme et, le cas échant, de réduire la vitesse. Même chose avec les systèmes de suivi de lignes blanches, qui pourraient bien, à terme, devenir un rail de guidage pour les voitures. Il faut maintenant mesurer la faisabilité d'un tel projet. Pour Hervé Cyna, président d'honneur de Cofiroute, qui a remis un rapport sur la route intelligente au ministre de l'Equipement et des Transports en début d'année, les bénéfices d'un tel programme sont évidents. « Imaginons, pour fixer les idées, que les véhicules se déplacent à 108 km/h, soit 30 mètres par seconde, avec un espacement de 30 mètres entre eux. On verra passer en un point de la voie un véhicule par seconde, c'est-à-dire 3.600 véhicules par heures, soit pratiquement le double du débit maximal d'une voie autoroutière. L'automobiliste aura franchi, en toute sécurité, le mur de la capacité routière. » Scénarios du futur. Le projet est trop tentant pour en rester à l'état de chimère, même s'il soulève de nombreuses questions. Tous les pays planchent sur le sujet en vue de définir le profil d'une route plus ou moins automatique. Aux Etats-Unis, le gouvernement prévoit de dépenser quelque 300 millions de dollars en recherche au cours des cinq prochaines années, et les industriels de l'automobile sont de la partie. Ainsi General Motors a pris la tête d'un consortium qui devrait investir près de 100 millions de dollars au cours de la même période. Plusieurs scénarios ont été envisagés, essentiellement sur le mode semi-automatique. Parmi les hypothèses retenues : un système de type convoi, avec une voiture de tête sur laquelle les autres véhicules se caleraient. Marchandises en sous-sol. Au Japon, on est aussi très tenté par l'automatisme, mais pas nécessairement pour l'automobile. Un des objectifs sur l'archipel nippon est plus de réduire le trafic que de le réguler. Dans cette perspective, on imagine un système souterrain dédié au transport des marchandises, qui fonctionnerait sur le même principe que le courrier pneumatique d'antan : un flux continu de chariots à saisir au passage. On est convaincu que si l'on réussit à faire circuler les marchandises de cette façon, le trafic sera réduit de plus de 30 % en surface. Si les spécialistes s'accordent à reconnaître que la route totalement automatique n'est pas pour demain, on est convaincu toutefois que, sur certains axes routiers, cette approche est inévitable. Pour preuve, le groupe de travail de Bruxelles sur la voiture de demain, à l'initiative d'Edith Cresson, et le programme Chauffeur, conduit par Daimler-Benz.
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