Des livres pour repenser la vie professionnelle

Sélection proposée par le Centre de perfectionnement aux affaires - La Conquête du travaille Par William Bridges, Village Mondial, 1995, 294 pages, 138 francs. Cet auteur américain nous dit (et il n'est pas le seul) que le « job » traditionnel (c'est-à-dire à temps plein) est mort et qu'il ne ressuscitera plus. Le travail est maintenant évalué en fonction des résultats, et non plus en fonction de la fidélité à des consignes mécaniques. C'est toute l'entreprise qui en est affectée, y compris l'emploi des salariés, qui suit alors les aléas des résultats globaux. Il devient aléatoire et provisoire. Cette disparition du mythe fondateur désagrège la réalité que vivent les individus, qui n'ont d'autre choix que la refuser, colérer (contre la mondialisation, le gouvernement, etc.), négocier (on pourrait peut-être réduire le temps de travail...), désespérer et finalement, après une période de deuil nécessaire, accepter et trouver une nouvelle forme de travail. Puisque « tout est marché », l'auteur suggère de rechercher les besns insatisfaits de ce marché étendu : analysons nos désirs, aptitudes, compétences, caractères, atouts... qui vont permettre de se gérer soi-même comme un « business ». Avec ce portefeuille de compétences, il revient à chacun de trouver sa voie dans ce nouau monde. Bien sûr, l'Etat doit aussi jouer son rôle : l'impôt négatif, par exemple, permettrait de remplacer les allocations chômage. Seule la période transitoire serait difficile, et ce d'autant que la situation antérieure était stable et confortable. - Job Choc Par Harry Dent, First, 1995, 335 pages, 149 francs. Le diagnostic : fin du travail salarié traditionnel, là aussi. Les propositions ? Plutôt un ensemble de recettes pratiques, du genre « faites ceci, faites cela » dont sont friands les Américains. Le travailleur du futur aura deux opportunités de « carrières » à l'intérieur des entreprises : - les « GS », généralistes spécialisés, « orientés clients », créatifs et capables de décisions qui grâce à 20 % d'informations obtiennent 80 % de résultats ; - les « SG », spécialistes généralisés en second niveau, qui complètent les 80 % d'information par leur expertise pour obtenir 100 % de satisfaction des clients. Mais dans les deux cas, le travail sera précaire. La solution ? La création de son entreprise à l'extérieur ou à l'intérieur de son entreprise. Ce best-seller propose un modèle simple et pratique, mais a le mérite de « décoiffer ». Et quand on connaît, à présent, les résultats de l'économie américaine et les créations d'emplois, on ne peut que l'écouter. - Le travaille au XXIe Siècle Collectif sous la direction de Gérard Blanc, Dunod, 1995, 274 pages, 149 francs. Dix experts réunis par le président d'Eurotechnopolis Institut, Denis Ettighoffer, s'exercent à une analyse prospective des causes et des conséquences des mutations du monde du travail sous l'influence de la diffusion généralisée des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). Premier constat : les NTIC, à condition qu'elles soient associées à des formes modernes d'organisation, du travail et des services, créent des emplois. Elles favorisent notamment l'émergence de services, eux-mêmes créateurs d'emplois, pour répondre à des demandes plus personnalisées de la part des consommateurs. Selon Gérard Blanc, nos difficultés actuelles d'emploi seraient dues à la structure particulière des prélèvements de la valeur ajoutée dans notre économie : la richesse créée est confisquée par un Etat de plus en plus endetté et par une sphère financière mondiale de plus en plus puissante. Le risque de ces prélèvements élevés est d'aboutir à une situation où les employeurs jugent insupportable le coût du travail, alors que les salariés sont démotivés par leur rémunération nette. La solution au chômage passe donc par une maîtrise de la répartition de la valeur ajoutée, imposant inévitablement un bouleversement de notre système de prélèvement des charges obligatoires, fiscales et sociales. Le travail du futur sera marqué par un travail qui s'émancipe, passant d'une logique de salariat traditionnel à une logique de services rendus et d'offre de compétences. Comment rester « employable » ? Grâce à la formation, qui devient une « maintenance permanente » de ce nouveau capital immatériel indispensable. Un travail prospectif remarquable. - Le Temps des paradoxes Charles Handy, Village Mondial, 1995, 271 pages, 132 francs Les prévisions formulées par l'auteur dans son précédent ouvrage, The age of unreason, commencent à se réaliser, mais conduisent au désordre. Pour l'affronter, il faut le structurer. Charles Handy voit huit paradoxes à l'évolution de notre société. L'intelligence est la nouvelle ressource, mais elle ne se comporte pas comme toutes les autres ; le travail est « naturel », mais il engendre la suractivité des uns et le chômage des autres ; la productivité augmente, mais génère la débrouillardise et le travail au noir ; le temps est devenu un avantage concurrentiel, mais il se décloisonne et déséquilibre beaucoup de gens ; les richesses augmentent, mais pas autant que la consommation ; les entreprises se centralisent et se décentralisent à la fois ; l'individu est un être social et un individu unique ; le capitalisme repose sur le principe fondamental de l'inégalité. Les outils dont nous disposons pour faire face à ces paradoxes, Charles Handy les aborde sous forme d'images. C'est par exemple le « beignet inversé » dont la pâte est au centre et le trou autour. La courbe sigmoïde nous enseigne que le secret de la croissance durable est de commencer une nouvelle courbe en S avant que la première commence à décliner. Ou bien encore le principe du contrat chinois ayant trait à l'importance du compromis comme préambule à toute forme de progrès.
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