La vague du tout numérique déferlera à la rentrée

Si l'APS (Advanced Photo System) a pu provoqué une certaine confusion quant à la nature même de ce support - est-ce déjà de la photo numérique ? -, la rentrée de septembre risque de désorienter davantage encore. Car à la deuxième vague d'appareils APS, à la sortie de nouveaux compacts ou reflex au format 24x36, vont venir s'ajouter une kyrielle d'appareils photo « tout numérique ». La déferlante est impressionnante tant par le nombre d'industriels que par leur profil. Il y a ceux qui viennent du « milieu » (Pentax, Canon, Nikon, Fuji, Olympus, Chinon, Kodak ou Polaroid) et puis les autres, les acteurs de la bureautique ou de la micro-informatique (Casio, Epson, Ion, Apple...) et les fabricants d'électronique grand public où l'on retrouve notamment Sony. Objectif ? Se positionner sur le marché des boîtiers grand public avec des gammes de prix inférieures à la barre des 10.000 francs, certes avec des qualités de définition d'image inférieure à un tirage argentique traditionnel, mais qui pourraient répondre au souhait d'un usage amateur. Avec tous les avantages propres à l'environnement numérique : archivage, retraitement des photos, transmission de documents, sans oublier l'absence de pellicule. Le principe est « simple ». Un capteur CCD se charge d'enregistrer l'image lors de la prise de vue et la conserve dans une mémoire numérique. Lorsque cette mémoire est pleine, on la transmet sur le disque dur d'un micro-ordinateur. Le cliché peut apparaître immédiatement à l'écran, être retouché, manipulé, déformé, détouré, inséré dans un document, transmis sur le micro-ordinateur voisin, vers un récepteur TV ou à l'autre bout du monde grâce au réseau Internet. Le tout en quelques minutes... De 12.000 à 200.000 francs. Mais, pour l'heure, il faut bien avouer que la photo numérique, en ce qui concerne les équipements de prises de vue intéressant le grand public, constitue davantage une curiosité qu'un réel moyen d'expression. Sauf à y mettre le prix. Et là, les chiffres deviennent rapidement dissuasifs : de 12.000 à 200.000 francs pour des équipements qui s'adressent donc exclusivement aux professionnels (reportage, agences de casting, catalogues, portraits...). Là où la vitesse de traitement est primordiale pour une qualité d'image qui doit, dans le haut de gamme, rester identique à celle de l'argentique. « Le numérique se développe essentiellement dans le domaine professionnel. Les premiers appareils, on les trouve à moins de 5.000 francs. Cela intéresse notamment les cabinets d'architecture ou les compagnies d'assurance », note Catherine Letalenet, directeur marketing de la division photo grand public de Kodak, qui estime qu'il faudra quinze ou vingt ans à cette technologie pour s'imposer dans le grand public. Comprenez : plus qu'il n'en faut à l'APS pour se généraliser. Quinze... vingt ans... « Cela me paraît risqué de dire que cela va mettre autant de temps. Il suffit de regarder les ventes de PC en hypermarchés », estime Didier Quilain, président du directoire d'Olympus France. De fait, cette échéance prend-elle en considération les progrès réalisés d'une année sur l'autre par l'industrie micro-informatique ? Quand on observe les équipements destinés aujourd'hui au grand public, leur puissance, leur catalogue d'applicatifs, leur facilité d'utilisation, leur convivialité, et qu'on les compare aux machines proposées l'été dernier, on est en droit de se poser quelques questions sur la viabilité d'une échéance aussi lointaine. La notion de numérique est indubitablement plus familière aux oreilles du grand public que l'APS. Et la vitesse, la facilité avec lesquelles le numérique s'insinue dans notre quotidien pourraient rendre aléatoire la percée de l'APS. D'autant plus que le taux de renouvellement actuel du matériel photo ne brille pas par son dynamisme. « Ce système est arrivé cinq à dix ans trop tard pour renverser la situation. Et puis le numérique constitue un marché beaucoup plus important », assure pour sa part Michel Ellert, responsable marketing et ventes de Leica Camera France, un constructeur qui n'a pas l'intention de se positionner sur l'APS. Gilles Musi
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