Près de 40 % des PME françaises ferment leurs portes pendant une semaine au moins au mois d'août. GPV, deuxième fabricant français d'enveloppes (600 millions de francs de chiffre d'affaires), a pour sa part choisi l'alternance : ses deux sites, à Saint-Amarin dans le Haut-Rhin et Annonay dans l'Ardèche, sont fermés à tour de rôle pendant quinze jours, essentiellement pour des raisons de maintenance. « En cas de coup de feu, nous sommes à même de répondre à la demande des clients, les sites étant polyvalents », explique-t-on, sachant que « l'entreprise connaît une moindre activité pendant la période estivale ». La fermeture générale d'une entreprise à une période donnée permet d'échapper au casse-tête du planning des vacances. Pour les autres, il en va différemment, surtout pour les plus petites d'entre elles : plus l'effectif est réduit, plus il est difficile d'organiser des permanences en fonction des compétences disponibles. « Nous mettons en place une permanence pour expédier les affaires courantes et faire en sorte que l'entreprise reste joignable, qu'un fil rouge soit maintenu », raconte Michel Vassal, à la tête d'AAMV (douze personnes). « Mais les commerciaux sont en vacances en août. Et avant les vacances, les clients, y compris ceux situés à l'étranger, sont contactés pour faire le point et anticiper leurs besoins. » Calendrier L'organisation du planning est une question sensible au niveau des directions du personnel. Un problème de calendrier mal réglé au niveau collectif et individuel peut donner lieu à un profond malaise. Sans compter qu'il est de plus en plus courant que les salariés morcellent leurs vacances, ce qui complique la gestion du calendrier. Et ce, pas uniquement l'été. Il faut s'y prendre à l'avance et surtout tenir compte des desideratas des uns et des autres, en fonction des situations familiales, des souhaits qui n'ont pu être satisfaits l'année précédente... Le tout en s'assurant que les présents seront suffisamment nombreux pour effectuer le travail nécessaire. « Si la loi autorise l'employeur a imposer ses dates, mieux vaut essayer de satisfaire les demandes de ses salariés. Au risque, sinon, de voir une augmentation des absences pseudo-justifiées, explique un responsable du personnel, ce qui ne résout en rien les problèmes de l'entreprise, loin de là. » Tensions et concessions sont parfois inévitables. La solution à l'amiable est de loin la meilleure, en faisant en sorte que les salariés s'arrangent entre eux. « La mise en place du calendrier se fait au cours du deuxième trimestre à travers la messagerie électronique de l'entreprise, en fonction des souhaits de chacun », dit-on au sein de GPV. La notion d'équipe joue alors son rôle, c'est à son niveau que la solution doit être trouvée, avant de remonter à la hiérarchie qui interviendra seulement en cas de conflit et de situation bloquée. Au niveau de l'encadrement le problème se pose en d'autres termes. Il n'est pas rare que dans des unités moyennes, très compétitives, les cadres aient du mal à consommer la totalité de leurs vacances certaines années : un nouveau produit à sortir, un nouveau marché à conquérir, il ne sont pas en mesure d'écluser leurs congés. Et d'être partagés entre partir, comme le leur rappelle le service du personnel avant une date précise, et rester compte tenu de la pression ambiante. Là encore, le mieux est de trouver des « arrangements ». Délégation L'organisation des vacances, c'est aussi l'occasion d'une plus grande responsabilisation des salariés, notamment dans les PME du fait d'un effectif réduit et d'une hiérarchie parfois raccourcie. La période estivale permet alors de tester les capacités d'encadrement de certains. « Une permanence est assurée dans les sept agences commerciales de GPV qui tournent à effectif réduit. Un passage de relais est organisé, ce qui permet également à des personnes d'accéder ponctuellement à des responsabilités hiérarchiques supérieures, qu'elles seront ensuite amenées à assumer », poursuit-on chez GPV. La délégation n'exclut pas la mise en place d'autres procédures de contrôle particulières. Par exemple, au sein de l'agence du groupe de publicité DDB Cie, il faut toujours qu'il y ait au moins deux signatures pendant les vacances. Un système relativement répandu dans les entreprises de taille moyenne. Dans la mesure du possible, l'entreprise doit s'organiser de façon à éviter de déranger les cadres dirigeants sur leur lieu de villégiature ! Toutefois, via le Minitel, les cadres dirigeants de GPV peuvent, si besoin est, consulter leur messagerie du fin fond de l'Hexagone. Dans la majorité des cas, les managers laissent un point de chute où l'on peut les joindre, notamment les directeurs commerciaux. A l'image de Rozenbilt, une PME avignonnaise spécialisée dans les produits ménagers, qui exporte dans plus de cinquante pays, même si la direction, tricéphale, est assurée à tour de rôle pendant l'été. Estelle Leroy et Yan de Kerorguen

latribune.fr

26 Sept 2008, 0:42

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